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Voyage dans le temps où le bain était un art

L’ancien ne se limite pas à une simple esthétique. Cherchons l’authentique, sans se satisfaire des copies.

Table de toilette en marbre rouge du Languedoc. équipée d’une vasque victorienne. Elle est agrémentée d’une robinetterie exceptionnelle réalisée à partir d’éléments de bronze d’ameublement assortis au décor dit « goutte d’eau » du miroir. Le bec du mélangeur central est une tête d’animal fantasmagorique.

De la « Belle époque » à « l’ère Victorienne ».

C’est dans les dernières années du XIXe siècle (à partir du Second Empire) qu’un véritable art du bain est né, puis s’est épanoui dans un milieu raffiné, en particulier en France et en Angleterre. Ce luxe intimiste ne concernait, faut-il le préciser, qu’une élite de la société. Le marché répondait donc à une faible production correspondant à une demande relativement étroite. Cinq fabricants de porcelaine sanitaire ont tenu longtemps le marché en Angleterre.

Réalisation artisanale conforme à la qualité technique ancienne; balustre col de cygne sur un meuble lavabo victorien une spécialité de S.B.R.

Ce n’est autour des années 20, que la demande en « équipement sanitaire » allant croissant, l’époque moderne va nous faire entrer tambour battant dans les productions industrielles de série. Il faudra pourtant attendre encore les années 60/70 pour que la France sous-équipée en ce domaine se modernise à un rythme accéléré et se passionne pour ce qui sera appelé bientôt, avec une certaine emphase, pour rattraper le temps perdu, non plus la salle de bains mais le salon de bains.

Grand lavabo de porcelaine décoré de motifs floraux, posé sur un piétement bois et rehaussé d’un fronton en bois cintré, une spécialité des Manufactures Thonet, fin XIXe, début XXe siècles. On remarquera le détail des deux porte-savons encastrés soulignes de fleurs.

Lorsque l’élite était exigeante sur la qualité, de véritables oeuvres d’art sont sorties de quelques ateliers prestigieux où la richesse esthétique allait de paire avec la beauté des matériaux et la qualité technique (compte tenu des possibilités industrielles de l’époque). Les Anglais furent particulièrement inventifs. Jusque vers les années 60 , en Angleterre on trouvait dans les grands hôtels près des gares de vastes salles de bains qui dataient de l’époque victorienne et fonctionnaient encore parfaitement.

Banquette de salle de bains en pitchpin dissimulant un bidet de porcelaine; le siège s’ouvre, les dossiers se rabattent et deviennent piétement

Un grand nombre de ces appareils – lavabos simples et doubles sur colonnes cannelées, bidets, toilettes – sont disparus sur le marché de la brocante puis de l’antiquité, puis enfin dans des boutiques-ateliers spécialisées, qui mettaient un point d’honneur à ne vendre que des appareils en parfait état de fonctionnement. C’est le cas de S.B.R. (la Salle de Bains Rétro) où le  » prince  » des appareils anciens, Nicolas Béboutoff, présente dans ses deux magasins parisiens des articles exceptionnels.

Détail de robinetterie en bronze réalisée à partir d’éléments décoratifs d’ameublement. Cette création illustre le parti  » théâtral  » que l’on peut tirer des beaux matériaux comme le marbre, le bronze, la porcelaine, qui ici, sont associés avec un certain luxe. Le support du marbre est un meuble d’ébénisterie dont le décor est  » à piano « .

Une grande baignoire d’époque Empire en marbre de Carrare veiné à poser sur un socle ou sur de larges pattes de lion. Elle est équipée d’une robinetterie murale de fabrication S.B.R.

Les amateurs fous de ce mobilier de toilette ne s’y trompent pas. ..car on peut hanter caves et greniers, les trouvailles se font de plus en plus rares.

Les fabricants faisaient la promotion de leurs appareils auprès des installateurs avec des petites miniatures en porcelaine qui montraient explicitement les raccords de plomberie. Ce ne sont pas des jouets mais peuvent le devenir quand les collectionneurs acceptent de s’en dessaisir, car ce sont des pièces rares! Ainsi cette miniatures de la baignoire de la Païva, égérie du Tout Paris des années 1850, que le fabricant français de sanitaire offrait à ses bons clients. Peut-être souhaitait-il ouvrir les portes du rêve… les bains de la célèbre cantatrice dans sa non moins célèbre baignoire!

Du petit lave-mains à la cage d’hydrothérapie.

Mais qu’est-ce qui fait courir l’amateur ?

Le travail du bois : des meubles d’ébénisterie en chêne, châtaignier, noyer, loupe d’orme aux finitions impeccables, avec tiroirs, poignées et boutons de laiton, d’os et d’ivoire. On peut s’apercevoir en examinant ces meubles qu’un soin extrême est apporté aux détails – colonnettes, bois cintré, psychés à glace biseautée – auxquels s’ajoutent de charmants accessoires – tablettes en verre, porte-savons et flacons –

Comme un bouquet de fleurs déposé au retour d’une promenade…ces motifs qui décorent souvent les porte-savons des lavabos de porcelaine anglaise sont toujours interprétés différemment.

Les meubles de voyage, conçus pour les cabines de paquebots ou de trains trans-européens, illustrent ce soin apporté aux finitions. Le meuble fermé ressemble à un secrétaire, ouvert il dissimule lavabo et porte-savon…un rêve pour un cabinet de toilette d’appoint dans une chambre d’amis.

La porcelaine fine, délicatement marbrée ou décorée de motifs multicolores, les thèmes favoris étant les fleurs aux motifs d’une grande délicatesse et les oiseaux presque naturalistes. À l’intérieur d’un style, plusieurs se sont succédés ou superposés : époque des fleurs délicates, vieux rose ou bleu sur de la porcelaine blanche, ou au contraire, grands ramages très colorés.

Meuble de toilette de facture très rare puisque son lavabo de porcelaine est intégré dans une structure en fonte émaillée bleu, comprenant piétement, dosseret habillé de carrelage fleuri rehaussé d’une glace biseautée dans le pur style victorien. En dessous, dans un style différent une cuvette de toilette à décor fleuri.

Les plans de toilette en marbre noir, rose ou blanc veiné, chanfreiné, adouci aux angles, dans lesquels s’encastrent impeccablement des vasques rondes avec des trop-pleins décorés de coquilles ou de tête de griffons ou de chimères.

La fonte émaillée des supports de lavabos, dans l’esprit des meubles de jardins d’hiver des vérandas anciennes.

Détail d’un intérieur de vasque en porcelaine décoré d’une petite chimère : l’eau arrive par le nez, le trop-plein est caché sous la crinière. Une illustration du savoir-faire des porcelainiers de l’époque.

Des robinets-objets d’art ou les robinetteries en bronze nickelé sont conçus pour durer 100 ans: mélangeurs à tête de dauphin, cols de cygne ou queues de carpe. Les croisillons sont équipés de  » perles  » de porcelaine. Parmi les  » remises en service « , la plus spectaculaire est la cage d’hydrothérapie qui surpasse toutes les douches les plus sophistiquées (S.B.R.).

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