Psychologie

Mon mec ne me désire plus : que faire? 

Croyez-vous sérieusement qu’il n’y a que les femmes pour débiter le déplorable «pas ce soir, j’ai mal à la tête?» J’ai des petites nouvelles pour vous, groupe: les hommes ne sont franchement pas à l’abri des pannes de libido. Oui, ils peuvent avoir le caquet bas, la queue entre les deux pattes…

Et pas nécessairement parce qu’ils se sont lessivés à la pornographie. Alors que vous, mesdames, vous êtes en feu, bouillante d’un irrépressible désir… Qu’allez-vous faire? L’heure de vérité a sonné. Un couple d’experts américains sur les questions matrimoniales, Bob Berkowitz et Susan Yager-Berkovitz ont recensé plus de 4 000 témoignages de couples aux prises avec le délicat problème de la panne sexuelle. Non celle de la femme mais plutôt de l’homme, beaucoup plus taboue parce qu’elle vient à l’encontre de l’idée socialement acquise à propos de nos amis les mâles et de leur perpétuelle envie de faire du sexe.

En première partie de ce dossier, nous allons voir en détails certaines raisons qu’ils invoquent et ce que les femmes ressentent face à ce masculin désert libinal; puis en deuxième partie, la semaine prochaine, nous aborderons les façons pour nous en sortir.

Qu’est-ce qui fait donc déchanter les hommes?

La colère

Une des raisons maintes fois exprimée lors de l’enquête menée par ce couple est fort intéressante et saura assurément tirer sur la sonnette d’alarme de bien des couples: «la colère est un puissant anesthésiant sexuel et 44 % des hommes se disent furieux. Ils se sentent critiqués, contrôlés, sous-estimés et considérés comme une quantité négligeable au sein du mariage…» peut-on lire dans leur livre intitulé Ça arrive aussi, aux hommes – Quand le désir s’éteint, paru aux Éditions de l’Homme.

De troublants témoignages mettent en lumière cette observation. «Ma femme trouve à redire sur tout ce que je fais, à commencer par mon travail. Elle me dit ce que je devrais faire et ce que je ne devrais pas faire et comment je devrais vivre ma vie. Elle me traite comme un enfant et me dit même des choses comme: «si tu ne ranges pas tes chaussures, je vais les jeter dehors.» Certes, cet homme nous décrit une «Germaine» à la puissance 10 mais cet exemple met cruellement en lumière le côté parfois très matrone grincheuse qui sommeille en nous, les femmes.

Un autre homme révèle: «Par jeu, je me suis à compter les secondes entre mon arrivée à la maison, après le travail, et le premier commentaire négatif. En général, ce commentaire était émis en moins d’une minute.»

Sans vouloir tomber dans une explication bébête et simpliste, et pointer du doigt les femmes comme seules responsables de la panne de libido de leur conjoint, rappelons-nous toutefois que pour bien des hommes, il n’y a de valorisation possible que dans le travail et la sexualité: or, ceux-ci étant de nature fragile, leur ego s’en retrouve piétiné. S’en suivra trois scénarios: la colère, l’apathie ou la dépression. Trois états totalement incompatibles avec le désir.

La panne érectile

Dans leur étude, le couple Berkowitz soutient que 40 pour cent des hommes de plus de 40 ans ont connu ou connaissent des problèmes d’impuissance. Hypertension, diabète, obésité, dépression, anxiété sont autant d’éléments qui peuvent mettre du plomb dans les ailes… Alors que les hommes ont à portée de doigt les pilules telles que Viagra, très peu d’entre eux ne le demandent à leur médecin. Résultat: ils préfèrent s’abstenir de relations sexuelles que de se frotter à ce qu’ils considèrent l’humiliation suprême, soit l’absence d’érection.

La fatigue

Un couple nouveau se profile: les TINS, ou Two Incomes No Sex (deux revenus pas de sexe). Donc, une femme et un homme qui mènent chacun une carrière mais qui bossent de longues heures avec conséquemment, de l’épuisement. Dans l’étude des Berkowitz, on note que 44 % des répondantes ont affirmé que leur mari sont trop fatigués pour faire l’amour alors que moins de 14 % des répondants se sont déclarés fatigués. Allèguent-ils l’épuisement pour ne pas avoir à avouer ce qui sous-tend réellement leur absence de désir?

La pornographie

Pour certains hommes, le sexe virtuel représente la Cadillac de l’assouvissement sexuel. Nul besoin d’entrer en communication avec qui que ce soit, aucune pression pour faire jouir personne, pas de préliminaires à accorder, aucune possibilité de se faire rejeter, bref, c’est le paradis y compris pour celui qui n’a pas d’érection. Car un homme qui n’en a pas peut quand même jouir et éjaculer. Devant un écran d’ordi, que son pénis soit flasque ne dérangera personne. Et puis – élément non-négligeable – de la petite rouquine à la ronde brunette, le choix sur le net est plus vaste que jamais. Les trucs les plus inimaginables y sont offerts.

Pourquoi un homme se compliquerait-il la vie avec sa femme alors qu’un monde meilleur l’attend? Sur la toile, il n’est pas boudé, il ne fait pas face au ressentiment, à la colère, à l’anxiété de performance, aux remontrances, etc. Un homme de 45 ans témoigne: «L’Internet m’a ouvert la porte aux expériences pornographiques qui dépassent mes fantasmes les plus fous. Je me sens coupable, mais après quelques années de mariage, ma femme ne peut soutenir la compétition. Je l’aime toujours, mais je ne la désire plus sexuellement.»

Détresse des femmes

Quand la lingerie la plus sexy et les propos habituellement les plus affolants ne parviennent plus à rallumer le feu qui autrefois nous consumait vivement, cela est très douloureux. Même humiliant. La femme qui se voit soudainement avec un mec inintéressé à ses charmes souffrira d’un douloureux rejet difficilement acceptable. Son fringuant amoureux d’autrefois avec qui elle partageait tout et s’abonnait en parfaite confiance est aujourd’hui aussi froid qu’un iceberg. Pire: dans la plupart des cas, si elle tente de connaître les raisons de son refus, elle se butera à son silence.

Cette femme de 58 ans, confie tristement: «Un mariage sans relations charnelles est humiliant pour la femme et lui enlève toute estime d’elle-même. C’est une vie conjugale très solitaire.» Certaines sont conscientes de leur propension à critiquer systématiquement leur conjoint, de leur «attitude» peu constructive à leur égard, et savent pertinemment que c’est pour ces raisons qu’elles n’ont plus de vie sexuelle avec leur partenaire. Cette femme de 47 ans explique: «Il dit que je suis trop autoritaire et que j’ai toujours raison. En fait, il trouve que je suis trop critique. Il n’est pas aussi méticuleux que moi, il devient hors de lui lorsque j’ai le malheur de refaire ce qu’il a fait, comme nettoyer la salle de bain, par exemple (…) » Conséquence: De la chicane mais pas de nanane dans ma cabane.

Face à la pornographie

Nombre de femmes déplorent le fait que l’ordinateur a usurpé leur place au creux des bras de leur conjoint. Les hommes qui s’adonnent à la consommation de porno ont pour la plupart tendance à délaisser les relations sexuelles. «J’ai été bouleversée lorsque j’ai compris qu’il préférait la pornographie à faire l’amour avec moi et que c’était la raison pour laquelle nous n’avions pratiquement plus de relations sexuelles.»

Par pure réflexe, les femmes se sentent automatiquement indésirables alors que leur beauté n’est pas en cause ici: si les hommes préfèrent le Web c’est parce qu’ils y trouvent le refuge idéal à leur incapacité de vivre de l’intimité. Une jeune femme de 30 ans observe: «Il attend que je sois sortie ou que je sois au lit pour aller sur ces sites. Il me dit qu’il n’a pas une libido très forte, ce qui doit être faux si je considère la fréquence avec laquelle il visite les sites pornos.» Impuissantes, tristes et rejetées, les femmes qui ont une vie amoureuse privée de relations sexuelles peuvent toutefois faire partie de la solution, et c’est ce que nous verrons, entre autres la semaine prochaine.

Pour plus d’infos, consultez le livre: Ça arrive aussi, aux hommes – Quand le désir s’éteint, Bob Berkowitz et Susan Yager- Berkowitz, Les Éditions de l’Homme.

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