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Lumière aveuglante : les phares à LED menacent-ils la sécurité nocturne ?

La nuit tombe, les routes se vident, mais la tension monte au volant. De plus en plus de conducteurs français déclarent avoir du mal à voir clairement à cause des feux éblouissants des véhicules modernes. En cause ? L’essor massif des phares à LED, jugés trop puissants, trop hauts, et parfois mal réglés. Pourtant, ces équipements sont légaux. Alors, où se situe la limite entre innovation et danger ?

Un phénomène massif, mais mal compris

Près de 50 % des automobilistes en France affirment être gênés par l’intensité lumineuse des nouveaux feux lors de leurs déplacements nocturnes. Ce chiffre n’est pas anodin. Il reflète une transformation radicale de l’éclairage automobile : les phares à LED ont remplacé les traditionnels halogènes, offrant une luminosité bien supérieure — jusqu’à dix fois plus intense dans certains cas.

Le problème s’aggrave avec la popularité croissante des SUV. Leur hauteur de caisse place les projecteurs à un niveau qui frappe directement les yeux des conducteurs des voitures plus basses. « Je suis petite, alors je les prends en plein visage », témoigne une automobiliste dans un reportage de TF1.

Quand la réglementation ne suffit plus

Techniquement, tous ces systèmes sont conformes au Code de la route. Celui-ci exige que les feux éclairent efficacement sans aveugler autrui. Mais la théorie ne tient pas toujours la route — littéralement. L’un des principaux écueils réside dans le réglage de l’inclinaison des phares, souvent négligé.

Lors du contrôle technique, ce réglage est systématiquement vérifié. Pourtant, il peut être modifié à tout moment : chargement du coffre, passagers à l’arrière, ou simple usure mécanique. Sans correction, les faisceaux lumineux pointent trop haut, créant un éblouissement phares LED nuit dangereux pour les usagers croisés.

Un risque réel, mesurable

En France, 1 à 2 % des accidents mortels survenus la nuit sont imputables à l’éblouissement. Ce chiffre peut sembler faible, mais il représente des dizaines de vies perdues chaque année. « L’œil met jusqu’à plusieurs secondes à s’adapter après un flash lumineux intense », rappelle Hélène Veyron, de l’association Prévention Routière. « Pendant ce laps, le conducteur est aveugle. »

Sur une route nationale à 90 km/h, quelques secondes sans visibilité équivalent à une centaine de mètres parcourus à l’aveugle.

L’Europe avance, la France suit

Au Royaume-Uni, la grogne citoyenne a pris une tournure officielle : une pétition circule pour interdire purement et simplement les phares à LED. Bien que radicale, cette proposition a poussé les autorités à agir. D’ici 2027, tous les nouveaux véhicules devront embarquer un système de réglage automatique des phares, capable d’adapter l’angle en fonction de la charge et de la pente.

En France, cette technologie existe déjà sur de nombreux modèles récents, mais elle reste facultative. Face à l’explosion du parc de SUV — dont les feux sont naturellement plus hauts —, son obligation devient une nécessité.

Éclairer sans aveugler : le défi du futur

Les phares à LED améliorent indéniablement la sécurité du conducteur qui en bénéficie. Mais la route est un espace partagé. Le progrès technologique ne doit pas se faire au détriment de la collectivité. Entre réglementation plus stricte, contrôles renforcés et généralisation des systèmes intelligents, la solution existe. Il suffit de la mettre en lumière — sans éblouir.

Karim

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