Thermostats connectés obligatoires : la colère de Marine Le Pen face à une « charge de 250 € » pour 27 millions de foyers
Alors que la France tente de réduire sa consommation énergétique, une mesure technique discrète fait soudainement irruption dans le débat public. L’obligation d’installer des thermostats connectés sur les radiateurs électriques, prévue initialement pour 2027, provoque une levée de boucliers. À l’origine, une directive européenne. Dans les faits, une facture redoutée par des millions de ménages. Et une polémique politique en pleine effervescence.
Une obligation légale, repoussée mais toujours en vigueur
Le décret, issu du plan de sobriété énergétique lancé en 2022, impose l’équipement de chaque radiateur électrique d’un thermostat individuel. Objectif : mieux réguler la température pièce par pièce et réduire le gaspillage. Selon les estimations officielles, près de 27 millions de foyers sont concernés — essentiellement des propriétaires, mais aussi des locataires via les décisions de leurs bailleurs.
Sous la pression croissante, le ministre délégué à l’Industrie, Roland Lescure, a annoncé un report de l’échéance de 2027 à 2030. Une concession saluée par certains, mais jugée insuffisante par d’autres. Car derrière ce simple calendrier se cache une question plus sensible : le coût.
Marine Le Pen dénonce une « folie normative »
Le Premier ministre doit annuler le décret 2023/444 du 7 juin 2023 imposant l’installation d’un thermostat programmable ou connecté sur chaque chauffage et dans chaque pièce de tous les bâtiments publics comme privés dès janvier 2027 !
Avec un coût d’achat de ce type de…
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) December 4, 2025
Dans un message cinglant publié sur les réseaux sociaux, Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national, a condamné ce qu’elle qualifie de « charge imposée à froid ». Selon elle, chaque foyer devrait débourser entre 60 et 250 € pour l’achat du matériel, et de 150 à 300 € supplémentaires pour la pose — un montant « inabordable » en pleine crise du pouvoir d’achat.
« Les Français, déjà écrasés par les prix énergétiques et la hausse ininterrompue des taxes et impôts, ne peuvent plus faire face à ces folies normatives et idéologiques », a-t-elle écrit. Elle exige l’annulation pure et simple du texte, jugeant même le report à 2030 comme une demi-mesure.
Des économies réelles, mais sans aide financière
Le gouvernement insiste : ces thermostats permettraient jusqu’à 15 % d’économies sur la facture de chauffage. Une promesse séduisante, mais qui bute sur une réalité concrète — l’absence d’aide publique significative. La prime de 600 €, couvrant matériel et installation, a été supprimée après des cas de fraude massive.
Résultat : les ménages devront assumer seuls l’investissement. Or, pour de nombreux propriétaires modestes ou en copropriété, même un thermostat à 60 € devient un luxe discutable dans un contexte d’inflation énergétique persistante.
Qui est vraiment concerné ? Et qui est exempté ?
La mesure ne s’applique pas de façon absolue. Sont exclus :
- Les logements chauffés exclusivement au poêle à bois ou au gaz sans radiateurs électriques
- Les installations où la pose serait techniquement complexe ou économiquement non rentable
- Certains bâtiments anciens non rénovés, sous conditions
Mais pour la majorité des résidences équipées de radiateurs électriques — très répandus en France —, l’obligation reste une échéance incontournable, même repoussée.
Une directive européenne derrière la polémique
Roland Lescure rappelle que la France ne fait qu’appliquer une directive européenne sur l’efficacité énergétique. Ce n’est donc pas une initiative isolée, mais une traduction légale d’un cadre communautaire. Pourtant, ce contexte ne calme pas les critiques : si l’Europe fixe l’objectif, c’est bien Paris qui en définit le calendrier, les modalités… et l’absence de soutien financier.
Entre sobriété énergétique et justice sociale, le débat sur les thermostats connectés obligatoires cristallise les tensions d’un pays en quête de solutions durables — mais réticent à payer le prix fort.
