Bataille Politique : Interdiction du voile aux mineures divise la classe dirigeante
Alors que la France débat de nouveau de la place du religieux dans l’espace public, une proposition de loi sur l’interdiction du voile aux mineures provoque une fracture au sein de la majorité et de l’opposition. Entre volonté de protéger les enfants, crainte de stigmatiser les musulmans, et questions de conformité constitutionnelle, la question mobilise ministres, parlementaires et juristes.
Laurent Wauquiez relance le débat avec une proposition de loi
Lundi 1er décembre 2025, Laurent Wauquiez, chef du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, a officiellement déposé une proposition visant à interdire le port du voile islamique aux mineures dans l’espace public. Une initiative qui réactive un débat récurrent depuis plus de deux décennies, mais qui cette fois cible clairement les adolescentes de moins de 18 ans.
Le texte s’inscrit dans la continuité d’un rapport sénatorial récent sur l’entrisme islamiste, initié par Bruno Retailleau lorsqu’il était ministre de l’intérieur. Ce document propose aussi d’interdire le jeûne du Ramadan aux moins de 16 ans, suscitant déjà de vives critiques.
Laurent Nuñez freine : une mesure trop stigmatisante ?
Invité de BFM-TV dimanche 30 novembre, le ministre de l’intérieur Laurent Nuñez s’est clairement dit « pas favorable » à cette interdiction. Selon lui, la mesure serait « très stigmatisante vis-à-vis de nos compatriotes musulmans qui peuvent se sentir blessés ».
Pour Nuñez, la vraie menace ne vient pas des jeunes filles, mais des réseaux islamistes qui cherchent à imposer la loi religieuse sur les lois de la République. « Ce qu’on vise, ce sont des structures, des individus qui disent à ces jeunes filles qu’elles doivent aller voilées à l’école… ou refuser d’y aller », a-t-il précisé.
Des réserves juridiques sérieuses
Plusieurs professeurs de droit public consultés par l’Agence France-Presse émettent de fortes réserves sur la constitutionnalité d’une telle interdiction dans l’espace public. Le principe de liberté religieuse, garanti par la Constitution, pourrait être mis à mal.
Pourtant, une version similaire – limitée aux moins de 15 ans – avait été évoquée en mai 2025 par Gabriel Attal, alors chef des députés macronistes, sans jamais aboutir à un texte officiel.
Aurore Bergé défend l’interdiction « pour protéger les enfants »
En face, la ministre déléguée à l’égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, affirme soutenir clairement l’interdiction du voile pour les fillettes. Invitée de CNews-Europe 1, elle justifie sa position par le devoir de protéger les enfants contre les pressions communautaires.
« Ça fait des années que je le propose, et ce serait bien qu’on le fasse maintenant », a-t-elle déclaré, affirmant qu’« il y a maintenant une majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat pour voter » une telle loi.
Un débat qui dépasse les clivages traditionnels
- Interdiction du voile aux mineures : mesure symbolique ou outil de laïcité renforcée ?
- Entrisme islamiste : vers une surveillance accrue des associations religieuses ?
- Liberté religieuse vs protection de l’enfance : où tracer la frontière ?
Alors que le texte de Wauquiez pourrait être inscrit à l’ordre du jour dans les semaines à venir, la France se retrouve une fois de plus confrontée à une tension entre laïcité, libertés individuelles et sécurité publique. Et chaque camp entend bien faire entendre sa voix.
