« Perdre nos enfants » : ce que Fabien Mandon a vraiment dit – et pourquoi Macron le défend
Dans un climat géopolitique de plus en plus tendu, une phrase du chef d’État-major des armées a déclenché une tempête médiatique. Mais derrière la polémique, se cache une alerte stratégique que les Français ignorent à leurs risques et périls.
Une phrase sortie de son contexte
« Si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, parce qu’il faut dire les choses, de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production de défense, alors on est en risque. » Prononcée mardi 19 novembre 2025 devant le Congrès des maires de France, cette phrase du général Fabien Mandon a immédiatement fait le tour des réseaux sociaux.
Mais le président de la République, Emmanuel Macron, n’y voit qu’une déformation malveillante. « Le discours était beaucoup plus élaboré que la phrase qu’on en a sortie », a-t-il affirmé depuis Johannesburg, en marge du sommet du G20. Et d’ajouter : « Le général Mandon a toute ma confiance. »
Une mise en garde stratégique, pas une provocation
Loin d’être une menace dramatique, ce propos s’inscrivait dans un diagnostic global sur l’état de la défense européenne. Le chef d’État-major tentait d’alerter les élus locaux : la menace russe ne se limite plus à l’Ukraine. Elle pèse désormais sur l’ensemble du continent.
« Le contexte se dégrade rapidement », a-t-il insisté lors de C à vous sur France 5, le 22 novembre. « Il me paraissait important de partager ce constat avec les maires, car cela montre que la réalité de la guerre n’est peut-être pas assez perçue par la population. »
Le gouvernement a aussitôt tempéré les craintes. « Nos enfants, au sens où on l’entend, ne vont pas aller combattre en Ukraine », a assuré la porte-parole Maud Bergeron sur TF1. Elle a précisé que le général faisait référence aux soldats professionnels âgés de 18 à 27 ans, déployés dans des opérations extérieures — dont certains ont déjà perdu la vie.
La France se prépare à une guerre « de haute intensité »
Cette polémique intervient à un moment crucial. La Revue nationale stratégique 2025, publiée cet automne, prévoit explicitement que la France doit « se préparer à l’hypothèse d’un engagement majeur de haute intensité dans le voisinage de l’Europe à horizon 2027-2030 ». Et ce, parallèlement à une multiplication des attaques hybrides sur le sol national.
Cette posture n’est pas isolée. « De nombreux pays européens réintroduisent un service national », a rappelé Fabien Mandon. L’Allemagne, le Danemark, et d’autres nations renforcent leur préparation citoyenne. En France, un service militaire volontaire sera bientôt annoncé — un signal fort envoyé à la fois à l’opinion publique et à Moscou.
L’armée française, « la plus efficace d’Europe » ?
Malgré les tensions, Emmanuel Macron tient à rassurer. « Nous avons une armée forte. Nous devons en être fiers. C’est véritablement l’armée la plus efficace du continent européen aujourd’hui », a-t-il déclaré depuis l’Afrique du Sud.
Cette confiance repose sur des capacités opérationnelles éprouvées, un budget de défense en hausse, et une doctrine de dissuasion nucléaire maintenue. Mais aussi sur un constat brutal : dans un monde où les règles de la guerre ont changé, la sécurité ne se négocie plus — elle se prépare.
