Évasion choc à Rennes : un détenu en fuite après une seconde évasion autorisée
Le 14 novembre, un détenu de 37 ans a profité d’une sortie encadrée au planétarium de Rennes pour disparaître, déclenchant une traque nationale. Ce n’était pas sa première fuite. Déjà évadé en 2024, il avait pourtant été jugé digne d’une permission exceptionnelle — un choix qui a suscité l’indignation du ministre de la Justice, Gérald Darmanin.
Une décision contestée, un ministre en colère
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a réagi avec fermeté lors d’une visite à la prison de la Santé à Paris. Il a dénoncé un manquement grave aux protocoles de sécurité : un détenu ayant déjà réussi à s’évader une première fois avait été autorisé à participer à une sortie collective, malgré des consignes explicites du ministère.
« Lorsqu’on dit à un chef d’établissement qu’un détenu ayant déjà fui ne doit plus sortir, ça ne devrait pas nécessiter de décret », a-t-il souligné. Pour lui, cette erreur n’est pas une simple boulette administrative — c’est une faille systémique.
Qui est le détenu en fuite ?
Le suspect, condamné en décembre 2024 pour plusieurs faits de vols, devait purger sa peine jusqu’en mars 2027. Ses précédents comportements en détention avaient convaincu la juge d’application des peines de lui accorder une permission de sortie, dans le cadre d’un projet de réinsertion. Il bénéficiait d’une autorisation pour participer à la Fête de la Science, une sortie encadrée par trois agents pénitentiaires.
À l’insu de ses gardiens, il a profité d’un moment d’inattention pour s’éclipser. Depuis, les forces de l’ordre le recherchent activement. Les services de police et de gendarmerie ont déployé des moyens importants, sans succès pour l’heure.
Une permission accordée… trop confiante ?
Les permissions de sortie en dehors des murs de la prison ne sont pas rares. Elles sont accordées par les magistrats en fonction de la dangerosité du détenu, de son comportement en détention et de la pertinence de son projet de réinsertion. Mais cette fois, le dossier présentait un paradoxe : un homme ayant déjà fui, réévalué comme « à faible risque ».
Le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet, a confirmé que la décision avait été prise dans un cadre légal — mais pas sans risque. Et c’est précisément ce risque que Gérald Darmanin juge inacceptable.
Le chef d’établissement relevé de ses fonctions
Face à la gravité des faits, Gérald Darmanin a pris une décision rare : le directeur de la prison de Rennes-Vezin a été relevé de ses fonctions. Le ministre a précisé qu’il ne s’agissait pas d’une sanction pénale, mais d’une responsabilité morale.
« Diriger des femmes et des hommes, avoir leur vie sous son autorité, c’est une grande responsabilité », a-t-il déclaré. Pour lui, la confiance accordée à un détenu avec un antécédent d’évasion relève d’une négligence inexcusable dans un système où la sécurité des citoyens est en jeu.
Un plan pour réformer les sorties en prison
La fuite de Rennes a relancé le débat sur les permissions de sortie. Gérald Darmanin a annoncé une révision complète des critères d’attribution. Les sorties hors des murs, notamment celles liées à des événements culturels, seront désormais soumises à une validation hiérarchique stricte. Aucune autorisation ne pourra plus être accordée sans contrôle en amont par un niveau supérieur.
Parallèlement, le ministère prépare un nouveau plan « zéro portable en prison », visant à couper les communications clandestines souvent utilisées pour planifier des évasions. Ces mesures s’inscrivent dans une volonté plus large de renforcer la sécurité des établissements pénitentiaires — et de restaurer la confiance du public.
Le coût d’un échec
Pour les victimes de vols commis par ce détenu, et pour les familles touchées par ses actes, cette évasion est un nouveau traumatisme. Pour la société, elle est un rappel brutal : même dans un système pensé pour la réinsertion, la sécurité ne peut être compromise.
Le ministre a rappelé qu’il devait des comptes — non pas seulement aux fonctionnaires, mais aux citoyens. Et dans un contexte où la confiance dans l’administration pénitentiaire est déjà fragile, chaque erreur compte.
Le détenu reste en fuite. La traque continue. Et les questions restent nombreuses : comment une telle décision a-t-elle pu être prise ? Qui l’a validée ? Et combien d’autres dossiers similaires sont encore en suspens ?
À Rennes, la prison a perdu un homme. Mais le système a perdu bien plus : sa crédibilité.
