Marine Le Pen lève le voile : le RN votera pour suspendre la réforme des retraites — et ça change tout
Mercredi 12 novembre, à 15 heures, l’Assemblée nationale entrera dans une des phases les plus tendues de l’année. Un vote qui pourrait faire basculer une réforme majeure. Pas par une majorité claire, mais par une alliance improbable. Et cette fois, c’est Marine Le Pen qui en donne le ton : « Ce sera le vote de tous les députés RN. » Une déclaration simple. Mais qui résonne comme un coup de tonnerre.
Un vote stratégique, pas idéologique
Le Rassemblement national ne s’oppose pas à la réforme des retraites par principe. Il ne la défend pas non plus. Il la suspend. Juste pour un temps. Jusqu’à janvier 2028. Cette manœuvre n’est pas un reniement. C’est un calcul. Un jeu d’Échecs politique où chaque pion compte.
La génération née en 1964, celle qui devait partir à 63 ans, verra son âge légal ramené à 62 ans et 9 mois. Les trimestres nécessaires passeront de 171 à 170. Une différence minime. Mais symboliquement, elle est énorme. Elle ouvre la porte à une revendication centrale du Nouveau Front populaire : « Pas de 64 ans. »
Le gouvernement dans le piège
Emmanuel Macron, longtemps inflexible, a cédé. Sous la pression des manifestations, des sondages, et surtout, d’un bloc de gauche désormais unifié. Les socialistes ont obtenu ce qu’ils voulaient : une suspension. En échange, ils soutiendront le budget de la Sécurité sociale. Un marché. Un compromis. Une rupture.
Pour rendre l’offre irrésistible, le gouvernement a ajouté un amendement. La suspension s’étend désormais aux carrières longues. Aux pompiers. Aux aides-soignantes. À ceux qui ont travaillé depuis l’âge de 18 ans. À ceux que la réforme Borne avait oubliés.
Un vote qui divise même les alliés
Le RN vote pour. Pas par conviction. Par opportunisme. C’est un message clair : « Nous sommes là pour profiter de vos faiblesses. »
Les Insoumis, eux, hurlent. « C’est une trahison », lance Éric Coquerel. Voter cette suspension, c’est valider l’âge de 64 ans. Même si elle est repoussée. Même si elle est temporaire. Pour eux, il n’y a pas de demi-mesure. Seule l’abrogation compte.
Les Républicains ne sont pas en reste. Une majorité de leur groupe refusera ce texte. « Une concession trop importante », juge Édouard Philippe. Pour lui, les Français doivent travailler plus, pas moins. Et les députés Horizons le pensent comme lui.
Les abstentions qui font la différence
Les macronistes. Le MoDem. Ils ne voteront pas contre. Ils ne voteront pas non plus pour. Ils s’abstiendront. À contrecœur. Par peur de faire capoter l’accord entre Sébastien Lecornu et les socialistes. Leur silence est plus fort que leur vote.
C’est cette abstention qui rendra le texte adopté. Pas la majorité. Pas la légitimité. Mais la fragmentation. Le désengagement. La lassitude.
Le vrai coût : plus de 1,8 milliard d’euros
Le gouvernement parlait de 1,4 milliard. Le rapporteur LR Thibault Bazin, lui, évoque 1,8 milliard en 2027. Une hausse de 30 %. Où va cet argent ?
Initialement, il devait venir d’une taxe sur les complémentaires santé. Rejetée. Puis d’un gel des pensions et des minima sociaux. Aussi rejeté. Alors, qui paiera ?
Le déficit va s’aggraver. Les comptes de la Sécurité sociale, déjà tendus, s’enfonceront davantage. Et personne ne veut dire comment on va les combler.
Un débat qui risque de ne pas finir
À 15 heures, 380 amendements attendent d’être examinés. Le temps file. Minuit approche. Les députés n’auront peut-être pas le temps de tout voter. Si le texte n’est pas adopté avant la fermeture des débats, il passera au Sénat. Et là, les choses deviennent encore plus floues.
Le Sénat, dominé par la droite, pourrait rétablir la réforme initiale. Ou la modifier. Ou la bloquer. Le gouvernement a promis d’ajouter les amendements votés à l’Assemblée. Mais rien n’est garanti.
La réforme des retraites n’est pas suspendue. Elle est mise en suspens. Entre deux mondes. Entre deux votes. Entre deux échéances.
