LECORNU TIRE LA SONNETTE D’ALARME : « Pas de passation avec Bardella »
Alors que le débat budgétaire menace de faire dérailler la majorité, le Premier ministre n’a pas mâché ses mots devant les sénateurs. Sébastien Lecornu a lancé un avertissement sans équivoque : une censure sur le budget 2026 entraînerait sa démission… et probablement la dissolution de l’Assemblée nationale. Une sortie qui vise clairement le Rassemblement National, dont le président Jordan Bardella espère profiter d’un éventuel blocage institutionnel.
Pas de compromis avec le RN, pas de « deal » avec la gauche
Mercredi soir, lors d’une réunion stratégique avec les présidents de groupes politiques au Sénat, Lecornu a martelé sa ligne rouge : « Je ne serai pas le Premier ministre qui fera une passation de pouvoir avec Jordan Bardella. » Une déclaration rapportée par plusieurs participants à l’AFP et confirmée par son entourage. Derrière cette formule choc, un message clair : le gouvernement refuse de légitimer une victoire politique du front anti-républicain.
Et pour couper court aux rumeurs, il a aussi tenu à préciser : « Il n’y a pas de deal avec le Parti socialiste. » Une allusion aux critiques de la droite sénatoriale, qui dénonce depuis des semaines des concessions faites à la gauche pour faire passer le projet de loi de finances.
Pas de 49.3, pas d’ordonnances… mais une menace implicite
Lecornu s’est également engagé à ne pas recourir au 49.3, aux ordonnances, ni même à la loi spéciale — trois scénarios constitutionnels envisagés si le budget n’est pas adopté à temps. « Je ne veux pas de ces outils », a-t-il insisté, affirmant vouloir « créer un courant de dialogue » avec la chambre haute.
Pourtant, son avertissement sur les conséquences d’une censure budgétaire sonne comme une menace à peine voilée. En cas de rejet du budget par le Parlement, la Constitution prévoit la démission du gouvernement, ce qui ouvrirait la voie à une dissolution de l’Assemblée nationale et à de nouvelles élections législatives. Un scénario risqué, mais que Lecornu semble prêt à assumer… à condition que ce ne soit pas Jordan Bardella qui en tire profit.
Un Sénat convoqué à la « responsabilité »
Invité par le président du Sénat Gérard Larcher, le Premier ministre a appelé les sénateurs à exercer leur rôle avec « responsabilité ». Il a rappelé son « attachement au bicamérisme » et souligné que, contrairement à l’Assemblée nationale, le Sénat n’est « pas un terrain où jouent les extrêmes ».
« Comme il n’y a pas d’Insoumis et de RN autour de la table au Sénat, il a insisté sur le fait qu’on était tous des républicains et des démocrates », a rapporté un participant. Une manière subtile de tendre la main à la droite sénatoriale, tout en isolant les forces politiques qu’il considère comme « anti-système ».
Le budget 2026, un enjeu politique majeur
Le projet de loi de finances 2026 cristallise les tensions entre exécutif et Parlement. Critiqué pour son manque de clarté, ses arbitrages flous et son recours supposé à des alliances de circonstance, le gouvernement tente de rassurer les sénateurs sur sa volonté de transparence.
Mais derrière les chiffres et les mesures fiscales, c’est bien l’avenir politique du quinquennat qui se joue. Chaque vote, chaque amendement pourrait devenir un tremplin… ou une tombe.
