Élisabeth Borne brise le silence : « Pas un totem », la réforme des retraites pourrait être suspendue
Alors que la tension sociale autour du système de retraite ne faiblit pas, Élisabeth Borne, ancienne Première ministre et ex-ministre de l’Éducation nationale, vient de marquer un tournant inattendu dans le débat. Dans un entretien au Parisien, elle affirme clairement qu’il ne faut pas faire de la réforme des retraites un symbole intouchable. Une déclaration qui relance la polémique, mais aussi les espoirs d’un apaisement politique.
Pourquoi cette ouverture maintenant ?
Le 7 octobre 2025, Élisabeth Borne a déclaré être favorable à « une suspension » de la réforme des retraites adoptée en 2023 sous son gouvernement. « Dans le contexte actuel, pour avancer, il faut savoir écouter et bouger », a-t-elle souligné. Une phrase sobre, mais lourde de sens dans un climat marqué par l’instabilité gouvernementale et les appels croissants à un nouveau compromis social.
Elle va plus loin : « Je pense qu’on ne doit pas faire de cette réforme des retraites un totem. » Ce revirement — ou cette évolution — intervient alors que la gauche réclame depuis des mois une remise à plat du dispositif, notamment en vue de la prochaine élection présidentielle.
Quelles seraient les conditions d’une suspension ?
Élisabeth Borne précise que cette suspension ne serait envisageable que si elle devenait « la condition de la stabilité du pays ». Elle appelle alors à examiner « les modalités et les conséquences concrètes » d’un tel gel, au moins jusqu’à l’élection présidentielle de 2027.
Cette proposition n’est pas lancée dans le vide. Début septembre, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, avait déjà demandé au ministère des Finances d’évaluer l’impact budgétaire d’une éventuelle suspension. Il avait pourtant écarté publiquement l’idée d’un nouveau conclave sur les retraites à la mi-septembre — ce qui rend cette évolution encore plus notable.
Les réactions politiques et syndicales
Les réponses n’ont pas tardé. Pour Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, il s’agit d’un « réveil tardif, mais positif ». Du côté de la CGT, la secrétaire générale Sophie Binet y voit une « volte-face » et un « aveu » : selon elle, « la réforme des retraites est un échec ».
Ces réactions illustrent à quel point la question des retraites en France reste un enjeu central, tant sur le plan économique que symbolique. La réforme des retraites 2023, qui a notamment repoussé l’âge légal de départ à 64 ans, continue de cristalliser les oppositions, même deux ans après son adoption.
Un débat relancé à l’approche de 2027
Si Élisabeth Borne ne propose pas d’abroger la réforme, elle ouvre clairement la porte à une pause stratégique. Cela pourrait permettre de désamorcer les tensions sociales tout en laissant le temps à un débat plus large — notamment sur l’équité du système de retraite, les carrières longues, ou encore la retraite des femmes, sujet récemment évoqué par Sébastien Lecornu dans le cadre du budget de la Sécurité sociale 2026.
En somme, ce n’est pas un retrait, mais une réorientation. Et dans un paysage politique fragmenté, chaque geste compte.