Une élue LR dépense 1 000 € par mois d’argent public… en vêtements ? La polémique enfle
Alors que les finances publiques sont scrutées à la loupe, une déclaration de Jeanne d’Hauteserre, maire Les Républicains (LR) d’une commune de l’Essonne, fait réagir. « Chaque maire dispose d’environ 1 000 € par mois d’argent public [990 €] qu’il peut dépenser comme il veut. Moi, j’ai préféré acheter des fringues, pour être bien sapée. Merci à tous nos concitoyens ! », a-t-elle affirmé avec une désinvolture qui interpelle. Cette remarque, faite lors d’un échange informel relayé sur les réseaux sociaux, relance le débat sur l’usage des indemnités de fonction des élus locaux – et surtout sur leur transparence.
Qu’est-ce que l’indemnité de fonction des maires ?
🔴🇫🇷CITATION – «Chaque maire dispose d’environ 1000 € par mois d’argent public [990€] qu’il peut dépenser comme il veut. Moi, j’ai préféré acheter des fringues, pour être bien sapée. Merci à tous nos concitoyens !», déclare en toute décontraction Jeanne d’Hauteserre, maire #LR. pic.twitter.com/qucoAEPJkq
— Brèves de presse (@Brevesdepresse) October 5, 2025
En France, les maires perçoivent une indemnité de fonction fixée par la loi, qui varie selon la taille de leur commune. Pour les communes de moins de 500 habitants, cette somme peut atteindre environ 990 € nets par mois. Ce montant n’est pas un salaire à proprement parler, mais une compensation destinée à couvrir les frais liés à l’exercice du mandat : déplacements, communications, réceptions officielles, etc.
Pour autant, aucune obligation légale ne contraint les maires à justifier précisément chaque dépense. C’est ce flou qui alimente les critiques : si l’usage personnel de ces fonds n’est pas explicitement interdit, il heurte le sens commun, surtout en période de rigueur budgétaire.
« Être bien sapée » : une justification qui fait débat
La formulation de Jeanne d’Hauteserre – « j’ai préféré acheter des fringues » – a immédiatement suscité l’indignation sur les réseaux sociaux. Si elle a peut-être voulu ironiser ou adopter un ton décalé, le message a été perçu comme une banalisation de l’usage de fonds publics à des fins strictement personnelles.
Pourtant, dans certaines fonctions électives, l’image publique fait partie intégrante du rôle. Certains élus estiment que s’habiller de manière soignée relève d’une représentation digne de la fonction. Mais là où le bât blesse, c’est l’absence de cadre clair : sans traçabilité ni obligation de rendre des comptes, comment s’assurer que ces indemnités servent réellement à l’intérêt général ?
Transparence et responsabilité : un enjeu démocratique
Cette affaire illustre un problème plus large : celui de la transparence des dépenses publiques au niveau local. Alors que les citoyens sont de plus en plus exigeants sur l’usage de leurs impôts, les élus doivent faire preuve d’exemplarité. Plusieurs associations de contribuables, comme la Fédération des contribuables français, réclament depuis des années une meilleure traçabilité des indemnités versées aux élus locaux.
À l’heure où les communes font face à des contraintes budgétaires croissantes – baisse des dotations de l’État, hausse des coûts énergétiques, crise du logement – chaque euro dépensé doit être justifié. L’opinion publique ne tolère plus les exceptions, même symboliques.
Et maintenant ?
Interrogée par la presse locale suite à la polémique, Jeanne d’Hauteserre n’a pas encore apporté de précision sur l’usage exact de son indemnité. Reste que son propos, qu’il soit ironique ou sincère, met en lumière une réalité souvent ignorée : les maires disposent d’une marge de manœuvre financière réelle, mais peu encadrée.
Plutôt que de stigmatiser un élu isolé, cette affaire devrait servir de catalyseur pour repenser les règles encadrant les dépenses des élus locaux. Une réforme en profondeur de la transparence financière municipale serait non seulement bienvenue, mais nécessaire pour restaurer la confiance des citoyens.