Grande marque
La chute est bonne !
— Je sais pas comment tu fais, toi, avec les bonnes femmes. T’emballes sans arrêt; t’es jamais avec la même. Moi, il m’arrive rien. Je me tape des bides retentissants. Comment tu fais, Emile?
— C’est pas compliqué. Les femmes, faut les épater. Leur en mettre plein la vue. Écoute : débrouille-toi, par exemple, pour faire croire que t’as une voiture terrible; ça marche toujours, le coup de la voiture de sport.
_ T’es marrant, toi. Comment veux-tu que je fasse?
— Débrouille-toi pour trouver un porte-clés d’une grande marque. C’est facile. Quand tu l’as, tu te mets à la terrasse d’un café et, nonchalamment, tu balances doucement le porte-clés au bout de ton doigt. Tu verras, c’est radical. Les gonzesses vont rappliquer.
Ils se quittent. Quinze jours après ils se retrouvent. Le premier gars a toujours l’air aussi dégoûté de la vie.
— Eh ben alors? T’as fait ce que je t’ai dit?
— Ouais, ouais… J’ai trouvé un porte-clés de Jaguar, j’ai été à la terrasse d’un café, j’ai agité nonchalamment le porte-clés au bout de mon doigt, mais que dalle. Ça n’a rien donné du tout.
— Évidemment, voyons. Si t’avais commencé par enlever tes pinces à vélo.
