LOGEMENT À PARIS : Une studette de 9 m² à 850 € sur Leboncoin suscite l’indignation nationale
9 m², mais à quelles conditions ?

Le logement en question tient tout entier dans une seule pièce. Éclairée uniquement par un vélux, elle accueille un canapé-lit, une kitchenette et une douche. Les toilettes, elles, sont installées sur le pallier, partagées avec d’autres locataires. Rien d’illégal : la surface respecte le seuil minimal de 9 m² imposé par la loi française pour une location meublée.Pourtant, l’équation reste choquante. Pour 850 € — soit près de deux fois le loyer moyen d’un T2 à Lyon ou à Nantes — on obtient un espace où il est impossible de cuisiner, dormir et se laver sans se déplacer en diagonale. L’ironie ? Tout est neuf, design, moderne. C’est précisément cette normalisation du minimalisme extrême qui interroge.
Pourquoi cette annonce résonne comme un cri d’alarme
Ce n’est pas tant le bien lui-même qui scandalise, mais ce qu’il symbolise. À Paris, la pénurie de logements abordables pousse les candidats à accepter l’inacceptable. Un étudiant, un jeune soignant, ou un apprenti n’a souvent pas le choix : soit payer un loyer disproportionné, soit vivre à une heure de trajet du centre.
L’annonce est devenue virale non pas par hasard, mais parce qu’elle cristallise une injustice ressentie partout en France. Les commentaires fusent : « C’est le prix d’une chambre d’hôtel, mais sans room service », ou « On paie pour respirer debout ? ». L’humour cache mal la détresse.



Le VIIIᵉ arrondissement, laboratoire d’un marché déréglé
Le choix du VIIIᵉ arrondissement n’est pas anodin. Ce quartier, entre Champs-Élysées, Madeleine et Parc Monceau, incarne le luxe parisien. Y louer un logement, même minuscule, garantit une proximité avec les centres économiques et culturels. Mais cette proximité a un coût — et ce coût devient prohibitif.
Les propriétaires, conscients de la demande, optimisent chaque recoin. Ce qui était autrefois un débarras devient une « studette ». Ce qui était une soupente se transforme en « studio cosy ». Le vocabulaire adoucit la réalité, mais pas le montant du loyer.
Et après ? Vers une régulation plus stricte ?
Cette affaire relance un débat ancien mais toujours brûlant : faut-il renforcer l’encadrement des loyers à Paris ? Alors que la ville est déjà soumise à un dispositif de plafonnement, de nombreuses annonces échappent aux contrôles, surtout lorsqu’elles proviennent de particuliers.
En attendant des réformes structurelles, des citoyens appellent à la solidarité, à l’auto-organisation, voire à la création de coopératives de logement. Car si 850 € pour 9 m² devient la norme, c’est toute l’idée d’une ville inclusive qui s’effondre.
