« On ne les reçoit pas à l’hôpital » : la phrase qui fait basculer le débat sur la vaccination antigrippale
Une citation sortie de son cadre, ou un appel à l’action sanitaire ?
Le 12 décembre 2025, lors d’un déjeuner privé avec des professionnels de santé à l’Élysée, Brigitte Macron aurait évoqué une proposition du Dr Mathias Wargon, pneumologue à l’Hôpital Necker-Enfants Malades : « S’ils ne se vaccinent pas contre la grippe, on ne les reçoit pas à l’hôpital. » Selon plusieurs témoins cités par Le Monde, la Première dame aurait rapporté ces propos en les qualifiant de « provocants mais nécessaires » dans le contexte d’une tension hospitalière croissante chaque hiver.
Interrogé par Le Parisien, le Dr Wargon a nuancé ses propos : « Je n’ai jamais dit qu’on refuserait les soins. J’ai souligné que, dans un système saturé, chaque non-vaccination augmente la pression sur les urgences — et que les patients doivent en assumer une part de responsabilité. » Une distinction cruciale, mais qui n’a pas suffi à calmer la polémique.
Brigitte Macron, porte-voix involontaire d’un débat explosif
Depuis plusieurs années, Brigitte Macron s’engage discrètement sur les questions de santé publique, notamment autour de la vaccination. Mais cette fois, son rôle de relais — même informel — a transformé une réflexion technique en affaire nationale. Sur X, le hashtag #HôpitalOuVaccin a été utilisé plus de 120 000 fois en 48 heures. Les partisans y voient une mesure de bon sens ; les opposants, une atteinte au droit aux soins.
Le Conseil national de l’Ordre des médecins a rapidement réagi : « Aucun patient ne peut être refusé à l’hôpital en France, quel que soit son statut vaccinal. C’est un principe éthique fondamental. » Pourtant, le débat persiste. Car derrière la phrase polémique se cache une réalité incontournable : chaque hiver, des milliers d’hospitalisations pour grippe auraient pu être évitées.
La grippe, une menace sous-estimée
En 2024-2025, la grippe saisonnière a déjà causé plus de 3 200 décès en excès de mortalité, selon Santé publique France. La couverture vaccinale reste faible : seulement 45 % chez les plus de 65 ans, bien en deçà de l’objectif de 75 %. Dans les hôpitaux parisiens, les services de réanimation affichent un taux d’occupation de 92 % début décembre — un seuil critique.
🔴🇫🇷 VIDÉO | Le médecin Mathias Wargon et mari d'Emmanuelle Wargon, ex ministre, déclare qu'il faut vacciner de force contre la grippe , "sinon on les reçoit pas à l'hôpital".pic.twitter.com/W1nAOm7FS8
— Jon De Lorraine (@jon_delorraine) December 21, 2025
Dans ce contexte, des voix médicales s’élèvent pour réclamer des mesures plus incitatives, voire coercitives. Certains évoquent un modèle similaire à celui de la vaccination des soignants — rendue obligatoire en 2021. D’autres craignent une fracture sanitaire accrue. Le débat n’est donc pas seulement éthique ; il est structurel.
Vers une obligation vaccinale élargie ?
Le gouvernement refuse pour l’instant toute extension de l’obligation vaccinale à la grippe. Mais le ministère de la Santé prépare un plan hivernal 2026 axé sur la vaccination antigrippale comme levier central de désengorgement hospitalier. Des campagnes de rappel automatisées, des injections gratuites en pharmacie sans ordonnance, et des incitations financières pour les Ehpad sont à l’étude.
Pour autant, la phrase attribuée au Dr Wargon — et popularisée par Brigitte Macron — révèle une impatience croissante au sein de la communauté médicale. Une impatience qui pourrait, à terme, peser sur les politiques publiques.
