Antivol sur foie gras Halal : un geste commercial ou une discrimination cachée ?
Dans les rayons d’un supermarché Carrefour, une scène banale en apparence a fait réagir des milliers d’internautes. Une cliente, à la recherche de foie gras Halal en pleine période des fêtes, découvre que seul ce produit — et non ses équivalents standards — est équipé d’un antivol. Le boîtier électronique, habituellement réservé aux articles à fort taux de vol, colle au couvercle comme une étiquette suspecte. Les autres foies gras, même plus chers, en sont exemptés. Pourquoi cette différence ? Et surtout : à qui profite-t-elle ?
Une vidéo virale déclenche le débat
Postée sur TikTok par l’utilisatrice @barakainch, la vidéo montre deux produits côte à côte : un foie gras classique Labeyrie à 22,99 €, sans protection, et un foie gras Halal à 28,59 €, bardé d’un antivol magnétique. « Ils ont mis des antivols sur le foie gras Halal », s’exclame-t-elle, entre incrédulité et ironie. En quelques jours, le clip atteint plus de 28 000 likes et 6 000 partages, révélant une question plus profonde que la simple sécurité en magasin.
🇫🇷 Du foie gras halal vendu chez Carrefour crée la polémique : un antivol est placé sur ces produits, contrairement aux foies gras non halal.
🗣️ À votre avis, pourquoi ? pic.twitter.com/SqlPOoYeNq
— Wolf 🐺 (@PsyGuy007) December 27, 2025
Qui est visé par cette mesure ?
L’enseigne Carrefour n’a pas officiellement justifié ce choix. Mais dans les commentaires, de nombreux internautes y voient une forme de stigmatisation. Le foie gras Halal, bien que conforme aux normes alimentaires islamiques, serait-il perçu comme plus « risqué » à voler ? Ou s’agit-il d’un simple hasard logistique ? Aucune autre référence du rayon — même celles à prix similaire ou supérieur — ne porte ce dispositif. Cette incohérence alimente les soupçons.
Halal, luxe… et surveillance accrue ?
Le foie gras Halal est un produit de niche, souvent plus coûteux en raison de ses méthodes de préparation spécifiques. Pourtant, son prix élevé ne semble pas le facteur déclencheur : les produits premium classiques sont laissés sans surveillance électronique. L’ajout d’un antivol ne protège pas la qualité — il protège contre un risque supposé. Mais de quel risque s’agit-il exactement ?
Des consommateurs obligés de demander une « libération » à la caisse
Ceux qui achètent ce foie gras doivent désormais solliciter un employé pour désactiver l’antivol. Un geste banal en soi, mais qui devient symbolique lorsqu’il s’applique à un seul type de produit. Il transforme un achat festif en moment de gêne, voire d’humiliation. Dans un contexte où la consommation Halal gagne en légitimité, cette pratique paraît décalée — voire discriminatoire.
Une affaire qui dépasse les rayons
Au-delà du cas isolé, cette situation interroge les politiques de sécurité en grande distribution. Pourquoi certains produits sont-ils plus surveillés que d’autres ? Existe-t-il des biais inconscients dans la sélection des articles à sécuriser ? À l’approche de Noël, où le foie gras reste un incontournable des fêtes françaises, la question touche aussi à l’égalité d’accès aux traditions culinaires — qu’elles soient laïques ou religieuses.
Carrefour n’a pas répondu publiquement à la polémique. Mais les internautes, eux, ont tranché : pour beaucoup, un antivol ne devrait jamais servir à marquer une clientèle.
