Voile à l’Assemblée : une polémique qui secoue la République
Une simple photo. Quelques visages voilés dans les tribunes du Palais Bourbon. Et soudain, tout explose. Ce que certains voient comme un symbole de liberté, d’autres le brandissent comme une provocation. Entre laïcité, droits fondamentaux et tensions politiques, l’affaire des jeunes filles voilées à l’Assemblée nationale a mis le feu aux poudres — et révèle, une fois de plus, les fractures profondes de notre société.
Pourquoi cette photo a-t-elle déclenché une crise politique ?
Le 5 novembre 2025, le média Frontières publie une image montrant des jeunes filles portant le voile dans les tribunes publiques de l’Assemblée, lors des débats budgétaires. Immédiatement, des élus du Rassemblement national, dont Julien Odoul, dénoncent une “infâme provocation” et exigent une réaction de la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet.
En quelques heures, cette dernière répond sans équivoque : “Il me paraît inacceptable que de jeunes enfants puissent porter des signes religieux ostensibles dans les tribunes.” Elle invoque la loi de 2004 sur la laïcité à l’école et appelle à “une extrême vigilance” pour éviter que cela ne se reproduise.
Des petites filles voilées à l’Assemblée nationale, des petites filles sexualisées alors qu’elles participent à une sortie scolaire ! Ou sont les adultes ? Qui les protège ? En tous cas par les députés LFI qui, comme à leur accoutumée, attaquent tous ceux qui s’en émeuvent. pic.twitter.com/ngGbt2Yjj0
— Céline Pina (@celine_pina) November 6, 2025
La gauche dénonce une instrumentalisation de la laïcité
La réaction ne se fait pas attendre. Du côté de La France insoumise, on parle de dérive islamophobe. Éric Coquerel, président de la commission des finances, interroge : “À quel règlement faites-vous référence ?” Selon lui, la présidente se base sur une interprétation subjective qui n’a aucun fondement juridique.
Sarah Legrain juge la déclaration “gravissime”, estimant qu’elle signale aux jeunes femmes musulmanes qu’elles ne sont pas les bienvenues dans l’hémicycle, même en tant que simples spectatrices. Paul Vannier va plus loin : pour lui, Yaël Braun-Pivet “instrumentalise la laïcité comme l’extrême droite”.
Et la droite applaudit
À l’inverse, le Rassemblement national salue cette fermeté. Jordan Bardella affirme : “La France n’est pas une terre islamique ; le voile devrait être interdit dans les sorties scolaires.” Un positionnement qui conforte la stratégie du parti sur les questions de laïcité et d’identité nationale.
Qu’en dit le règlement officiel de l’Assemblée ?
Pour trancher le débat, il faut se pencher sur les textes. Le règlement de l’Assemblée nationale ne prohibe pas le port de signes religieux dans les tribunes. L’article 8 de l’instruction générale du bureau exige simplement que le public soit “assis, découvert et en silence”.
Mais selon le service de presse du Palais Bourbon, cette mention du “découvert” n’est pas appliquée de façon rigide. Le voile n’est interdit que s’il “trouble le bon déroulement des débats”. En pratique, les huissiers laissent entrer les visiteurs voilés — y compris lors de visites diplomatiques. Cette tolérance n’a, jusqu’ici, jamais posé problème.
