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Des retraités à la recherche de pain dans les poubelles : la France silencieuse qui ne crie plus

À peine sortis de leur maison, ils poussent leur chariot comme une arme de survie. Dans les rues de Lyon, de Marseille, de Lille, des personnes âgées, souvent seules, fouillent les poubelles des supermarchés. Pas pour du plastique. Pas pour du carton. Mais pour des boîtes de haricots, des yaourts périmés de deux jours, des morceaux de pain encore comestibles. Ce n’est pas un film. Ce n’est pas une scène d’ailleurs. C’est la France d’aujourd’hui. Et personne ne parle vraiment de ça.

Le chariot, nouveau symbole de la précarité

Ce n’est plus une exception. Ce n’est plus un fait divers choquant qui disparaît après 24 heures d’actualité. C’est devenu un rituel, silencieux, quotidien. Des retraités, avec leur carte de fidélité dans la poche et leur retraite à 900 euros, se rendent chaque matin devant les bennes de Picard, Franprix, Carrefour ou Lidl. Ils attendent que les employés déposent les invendus. Ils trient. Ils vérifient les dates. Ils évaluent la qualité. Et ils repartent avec ce qui peut nourrir leur repas du jour.

Le pire ? Ce n’est pas la faim. C’est l’humiliation. C’est le regard fuyant des passants. C’est la honte de demander de l’aide quand on a travaillé toute sa vie. Beaucoup n’ont jamais touché le RSA. Beaucoup n’ont pas de famille proche. Beaucoup pensaient que la retraite serait une fin paisible. Pas une bataille quotidienne contre la misère.

La France qui cache sa douleur

En 2024, selon l’Insee, plus de 1,2 million de personnes âgées de 65 ans et plus vivent en dessous du seuil de pauvreté — soit 14,2 % de cette population. Ce chiffre a augmenté de 2,3 points depuis 2020. Et pourtant, les médias continuent de parler de la « France qui réussit », des « retraités privilégiés », des « pensions qui augmentent ».

La vérité ? Les prix ont explosé. Les aides sont de plus en plus difficiles à obtenir. Les logements sociaux sont saturés. Et les retraites, même avec la réforme de 2023, ne suivent plus l’inflation. Une femme de 78 ans, à Toulouse, a raconté à France 3 : « Je mange une fois par jour. Le reste, je le mets de côté pour les médicaments. »

Le système ne s’effondre pas. Il s’endort. Et les plus vulnérables sont les premiers à tomber dans le silence.

Un pays qui ne veut plus voir

Les supermarchés installent des caméras pour dissuader les récupérateurs. Les municipalités enlèvent les poubelles publics la nuit. Les associations, elles, sont débordées. Les banques alimentaires n’ont plus assez de denrées. Et pourtant, chaque semaine, des milliers de tonnes de nourriture sont jetées — parfaitement consommables — par les grandes enseignes.

On parle de gaspillage alimentaire comme d’un problème environnemental. On oublie qu’il est aussi social. Que derrière chaque boîte de thon jetée, il y a un ancien ouvrier, une veuve, un retraité qui ne sait plus comment faire.

Est-ce là la France que nous voulons ? Une nation où la dignité se mesure à la capacité de trouver de la nourriture dans les déchets ?

Karim

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