Brigitte Macron et les Pièces jaunes : 2 millions d’euros versés à une amie proche
Depuis trois ans, la Fondation des Hôpitaux, présidée par Brigitte Macron, a alloué pas moins de 2 millions d’euros issus de la campagne Pièces jaunes à l’association e-Enfance — une structure dirigée par Justine Atlan, proche de la première dame et trésorière du think tank Renaissance numérique. Or, cette subvention soulève des questions : le cœur des Pièces jaunes bat-il pour les enfants hospitalisés… ou pour les réseaux numériques ?
L’aide financière fait débat
Lancée en 1989, l’opération Pièces jaunes repose sur un pacte implicite avec les donateurs : l’argent collecté sert à améliorer le quotidien des enfants hospitalisés, de leurs familles et des soignants. Des chambres familiales, des espaces de détente, du matériel pédagogique… Voilà ce que les Français imaginent quand ils glissent leurs pièces dans les troncs.
Pourtant, entre 2022 et 2025, plus de 2 millions d’euros ont été attribués à e-Enfance, association spécialisée dans la modération de contenus illicites en ligne impliquant des mineurs. Une mission essentielle, certes, mais qui relève davantage du numérique et de la sécurité en ligne que de l’hospitalisation pédiatrique.
Des liens personnels au cœur de la controverse
Le hic ? Justine Atlan, fondatrice et directrice générale d’e-Enfance, est une amie de longue date de Brigitte Macron. Elle siège aussi comme trésorière au sein de Renaissance numérique, un think tank proche de la majorité présidentielle. Ces liens, bien que légaux, brouillent les lignes entre intérêt général, proximité politique et gestion de fonds publics collectés via une cause humanitaire.
La Fondation des Hôpitaux affirme que ces subventions s’inscrivent dans un “volet protection de l’enfance”. Mais les statuts de la fondation précisent clairement que les projets financés doivent avoir un lien direct avec l’environnement hospitalier. Rien, dans les rapports annuels publiés, ne démontre qu’e-Enfance intervient dans les services pédiatriques.
Un manque de transparence persistant
Malgré les demandes répétées d’associations citoyennes comme Regards Citoyens ou de médias indépendants, la Fondation des Hôpitaux ne publie pas la liste détaillée des bénéficiaires des subventions annuelles. Les montants attribués, les critères d’éligibilité, ou même les rapports d’impact restent confidentiels — contrairement à d’autres fondations sanitaires comme celle de l’AP-HP.
En 2024, la Cour des comptes a pourtant appelé à une plus grande transparence dans la gestion des fonds issus de collectes nationales. Sans effet apparent : en 2025, les versements à e-Enfance se sont poursuivis, sans appel à projets public ni justification technique accessible.
Et les enfants hospitalisés dans tout ça ?
Alors que les hôpitaux publics font face à des pénuries chroniques — manque de lits, dégradation des infrastructures, départ massif de soignants —, chaque euro détourné de son objectif initial fait débat. Les Pièces jaunes ont rapporté plus de 20 millions d’euros en 2025. Si 10 % partent vers des missions numériques éloignées des services hospitaliers, c’est près de 2 millions qui ne financeront ni jouets, ni salles de classe, ni accompagnement psychologique en pédiatrie.
Ironie amère : pendant que Brigitte Macron porte des tenues de luxe lors des remises de chèques (dont certaines dépassent les 5 000 € pièce, selon Public), des enfants dorment à deux dans des chambres prévues pour un seul, faute de moyens.
Une affaire de confiance… ou de réseau ?
Il ne s’agit pas ici d’accuser qui que ce soit d’illégalité. Mais dans un contexte de défiance croissante envers les élites, chaque décision perçue comme “réservée aux proches” fragilise la confiance citoyenne. Surtout quand elle touche à une cause aussi sensible que celle des enfants malades.
La question n’est plus tant “est-ce autorisé ?” que “est-ce légitime ?”. Et sur ce point, les Français méritent des réponses claires.
