Un gorille dans le pommier ? L’histoire absurde (mais vraie) d’un Parisien confronté à la faune sauvage
M. Dubois reçut un appel de sa femme, visiblement en proie à une panique absolue.
« Henri ! » sanglota-t-elle au téléphone. « Il y a un gorille dans le pommier, juste devant la maison ! »
« Un gorille ? » répéta-t-il, incrédule. « Allons, Colette, ne me dis pas que tu as encore touché au gin… »
« Non, Henri, je suis sérieuse ! C’est un vrai gorille — il a dû s’échapper du zoo, ou d’un cirque. Il est perché dans l’arbre, grogne après tous les passants… et il vient de jeter une pomme sur Mme Lemoine, du numéro 23 ! »
« Il l’a touchée ? » demanda-t-il machinalement, avant de se reprendre aussitôt : « Peu importe. Je rentre tout de suite. »
Quelques minutes plus tard, il remontait l’allée en voiture… et là, effectivement, un énorme gorille trônait dans le pommier, l’air farouche. Dès qu’il aperçut Henri, il poussa un grognement menaçant et lança une pomme en sa direction — que M. Dubois évita de justesse en se baissant.
À l’intérieur, sa femme guettait derrière le rideau de la fenêtre, les mains tremblantes. « Henri, qu’est-ce qu’on fait ? »
Sans un mot, il attrapa les Pages Jaunes. « C’est simple, Colette. Il doit bien exister des professionnels pour ce genre de situation. »
Il feuilleta fébrilement jusqu’à tomber sur une rubrique : « Attrape-gorilles ». Une seule entreprise y figurait. Il composa le numéro.
Après quelques sonneries, une voix répondit : « Martin et Durand, Attrape-Gorilles. Martin à l’appareil ! »
« Bonjour, je m’appelle Dubois. J’ai un gorille dans mon pommier. J’aurais besoin que vous veniez l’attraper au plus vite. »
« Je suis désolé, monsieur, répondit Martin, mais Durand est malade. On ne peut pas prendre de mission en ce moment. »
« Mais c’est urgent ! s’exclama Henri. Il fait un scandale dans le jardin — la valeur de la maison va chuter à vue d’œil ! Il doit bien y avoir une solution ! »
Il y eut un silence, puis Martin reprit, hésitant : « Écoutez… normalement, on est deux pour ce genre de boulot. Mais si vous acceptez de remplacer Durand, on devrait s’en sortir. »
« Je ferai ce qu’il faut », promit aussitôt M. Dubois, avant de lui donner son adresse.
Vingt minutes plus tard, une camionnette cabossée, ornée de l’enseigne « MARTIN ET DURAND – ATTRAPE-GORILLES », s’arrêta devant la maison. Le conducteur en descendit, contourna le véhicule, ouvrit les portes arrière et en sortit un fusil imposant, une paire de menottes, ainsi qu’un rottweiler féroce qui aboyait en montrant les crocs.
Il sonna à la porte. « Bonjour, monsieur. Je suis Martin. Je vois le gorille… sacré spécimen, hein ? Mieux vaut agir vite. »
« Très bien, dit Henri. Que dois-je faire ? »
« Vous restez là, menottes en main. Moi, je grimpe à l’arbre, je lutte contre le gorille et je le pousse par terre. Dès qu’il touche le sol, le chien bondit et lui mord les testicules — ça le distraira juste assez pour que vous puissiez lui passer les menottes. Ensuite, je le charge dans la camionnette et on dégage. »
M. Dubois hocha la tête, puis, fronçant les sourcils, demanda : « Et le fusil, à quoi sert-il ? »
Martin le regarda droit dans les yeux. « C’est la partie la plus importante. Si jamais le gorille me balance de l’arbre… vous abattez le chien. Immédiatement. »
