Macron filmé seul sur les quais de Paris : mise en scène ou cri de détresse ?
Une silhouette solitaire, les mains dans les poches, marchant lentement le long de la Seine à la tombée du jour. Pas de conseillers, pas de gardes visibles, juste Emmanuel Macron, capté par une caméra de BFM TV. Une image soigneusement orchestrée, selon le député Richard Ramos, qui n’y voit pas une pause contemplative, mais une opération de communication calculée — et potentiellement maladroite — en pleine crise politique.
« Tout était mis en scène », accuse un député
«Solitude du pouvoir»?: Macron s’est mis en scène et fait filmer errant sur les quais de Paris
Tout était mis en scène, BFM a été appelé pour filmer, balance le député Richard Ramos.
«Le président est dingue», résume-t-il encore. pic.twitter.com/eVFRlJoHyX
— Renard Jean-Michel (@Renardpaty) October 7, 2025
Interrogé sur cette séquence diffusée en pleine tourmente gouvernementale, Richard Ramos, député du groupe Horizons, n’y est pas allé par quatre chemins : « Tout était mis en scène. BFM a été appelé pour filmer », a-t-il affirmé, soulignant le contraste entre cette apparente spontanéité et la réalité d’une logistique présidentielle ultra-contrôlée.
« Le président est dingue », a-t-il ajouté, résumant en trois mots l’incrédulité que suscite cette initiative dans les coulisses du pouvoir. Car dans un contexte marqué par l’impasse institutionnelle, la démission de Sébastien Lecornu et la montée des tensions sociales, une promenade solitaire sur les quais de Paris peut sembler déconnectée des urgences du moment.
La « solitude du pouvoir » : un thème récurrent, mais crédible ?
L’Élysée n’a pas officiellement commenté la séquence. Mais les observateurs y voient une tentative de réactiver un récit ancien : celui de la solitude du chef, porteur des décisions impopulaires mais nécessaires. Un registre déjà utilisé par François Mitterrand, Jacques Chirac, ou plus récemment par Nicolas Sarkozy lors de ses « marches de la colère ».
Pourtant, en 2025, ce type de mise en scène bute sur un public de plus en plus sceptique. À l’ère des réseaux sociaux et de la transparence exigée, les Français distinguent mal la vulnérabilité authentique de la performance médiatique. Surtout quand la chaîne censée capter un moment « spontané » est prévenue à l’avance.
Pourquoi cette image tombe mal
La France traverse une période de fragilité démocratique. L’Assemblée nationale est ingouvernable, les citoyens subissent une inflation persistante, et le débat public est dominé par des questions de pouvoir d’achat, de services publics et de légitimité politique.
Dans ce contexte, une image esthétique du président en flâneur parisien peut être perçue comme une fuite en avant symbolique — voire comme un aveu implicite d’impuissance. Plutôt que de rassurer, elle interroge : est-ce là le visage d’un homme qui réfléchit… ou celui d’un pouvoir qui se perd en gestes vains ?
La communication présidentielle à l’épreuve du réel
Cette séquence illustre un paradoxe central de la présidence Macron : un recours constant à la symbolique, souvent au détriment de la substance politique. Entre les discours solennels, les mises en scène minimalistes et les apparitions « sans filtre », l’Élysée tente de humaniser un mandat de plus en plus contesté.
Mais quand la crise gouvernementale dure depuis des mois, quand les citoyens réclament des actes concrets, une promenade filmée sur les quais de Paris ne suffit plus à incarner la hauteur d’un chef d’État. Elle risque même de renforcer l’impression d’un pouvoir enfermé dans sa bulle — et de plus en plus seul, non pas par choix, mais par isolement politique.