👵👴 « On n’a plus 20 ans ! » : les grands-parents redéfinissent leur rôle
Ils aiment leurs petits-enfants, mais refusent d’être des baby-sitters à plein temps. Une génération de retraités plus active, plus lucide et plus exigeante redéfinit ce que signifie être grand-parent en 2025. Finie l’image de la « mamie gâteau » disponible à toute heure : place à une grand-parentalité choisie, équilibrée, et respectueuse de leur liberté.
De plus en plus de refus… mais pas d’indifférence
Selon un sondage Ipsos pour Notre Temps, les grands-parents consacrent en moyenne 22 jours par an à la garde des petits-enfants. Un chiffre qui montre leur engagement — mais aussi leurs limites. « Beaucoup sont très soucieux de rendre service ponctuellement, de soulager le couple parental, mais ils ne veulent plus assumer la garde au quotidien », explique Régine Florin, présidente de l’École des Grands-Parents Européens (EGPE) Paris Île-de-France.
Certains vont même plus loin. « Un jour, un monsieur m’a appelée pour savoir s’il existait une loi qui l’obligeait à garder ses petits-enfants », raconte-t-elle. Une question symptomatique d’un malaise : être grand-parent ne signifie pas devenir une nounou par défaut.
Une génération de seniors plus active que jamais
On devient grand-parent en moyenne vers 54 ans. À cet âge, beaucoup sont encore en activité, engagés dans des loisirs, des voyages ou des associations. Leur agenda n’est plus vide — il est rempli de projets personnels. « Ce n’est pas de tout repos, on n’a plus 20 ans ! », souligne Régine Florin avec humour.
Plutôt que d’épuiser leur énergie dans des routines contraignantes, ils préfèrent miser sur des moments de qualité : une sortie au parc, une histoire le soir, un goûter partagé. « Il faut développer la grand-parentalité pendant qu’on est encore les héros de nos petits-enfants », insiste-t-elle. Selon elle, l’âge d’or de cette relation s’étend de la naissance à l’entrée au collège.
Refuser la garde, ce n’est pas se désengager
Le refus des gardes répétitives ne traduit pas un manque d’affection. Au contraire. « Les câlins, les “je t’aime”, le bonheur qu’on reçoit, c’est une vraie dose de dopamine et de sérotonine ! », rappelle Régine Florin. Certaines études, comme celle de l’Ifop citée par l’EGPE, suggèrent même que les grands-parents actifs gagneraient jusqu’à cinq années de vie en bonne santé.
Le vrai enjeu ? Préserver un lien sincère, sans se sacrifier. Car une relation forcée finit par s’user — pour tout le monde.
Quand les tensions familiales pointent
Ce nouveau positionnement ne va pas sans heurts. Dans certains cas, les parents perçoivent ce refus comme de l’égoïsme. D’autres grands-parents, eux, souffrent de ne pas pouvoir voir leurs petits-enfants — notamment en cas de conflit avec leurs propres enfants.
« Un homme de 87 ans nous a demandé s’il pouvait s’occuper de ses petits-enfants alors qu’il n’avait plus de lien avec ses enfants », témoigne Régine Florin. Face à ces situations complexes, l’EGPE propose un accompagnement via sa ligne d’écoute Allo Grands-parents, pour prévenir les ruptures et rétablir le dialogue.
Vers une grand-parentalité durable
Un petit-enfant né en 2025 peut espérer profiter de ses grands-parents pendant 20 à 30 ans. Pour que cette relation dure, elle doit être libre, joyeuse, et réciproque. « L’idée n’est pas de rompre les liens, mais de les ajuster », résume Régine Florin. Parce qu’aujourd’hui, être grand-parent, c’est aussi avoir le droit de vivre sa propre vie.
