Éric Dupond-Moretti accuse : « Quelques rats quittent le navire » macroniste
Alors que les tensions internes au camp présidentiel s’intensifient, l’ancien garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti n’y va pas par quatre chemins. Dans une déclaration cinglante, il dénonce ce qu’il perçoit comme une désertion opportuniste au sein des rangs macronistes, allant jusqu’à évoquer des « rats qui quittent le navire ». Une sortie qui vise clairement des figures comme Gabriel Attal et Édouard Philippe, tous deux soupçonnés de préparer leur propre avenir politique au détriment de la loyauté envers Emmanuel Macron.
Des critiques qui visent directement Gabriel Attal
🗣 "Quelques rats quittent le navire"
Là, on est passé de la sulfateuse à une arme de destruction massive politique. @E_DupondM n’a jamais eu la langue dans sa poche, encore moins avec ceux qui sont frappés d’amnésie et une langue de vipère.
La fidélité ça existe en politique‼️ pic.twitter.com/TskGheDX7d— 𝙅𝘽🇫🇷🇪🇺 (@JBOOVII) October 9, 2025
Pour Éric Dupond-Moretti, Gabriel Attal incarne à lui seul la fragilité d’un système bâti sur la reconnaissance présidentielle. « C’est une création d’Emmanuel Macron », affirme-t-il sans détour, ajoutant que « sans lui, il n’est rien ». Cette remarque souligne une vision très hiérarchique du pouvoir au sein de la majorité, où la légitimité politique dépendrait entièrement du soutien du chef de l’État.
Or, les récentes prises de position du Premier ministre — notamment sur des sujets comme l’immigration ou la laïcité — ont été perçues comme des signaux d’autonomie, voire de distanciation vis-à-vis de la ligne macroniste originelle. Pour Dupond-Moretti, cela relève moins d’une évolution politique que d’un calcul électoral à court terme.
Édouard Philippe, un « présidentiable » qui « grève la fonction »
L’ancien ministre de la Justice ne s’arrête pas là. Il réserve ses mots les plus durs à l’encontre d’Édouard Philippe, qu’il juge « sidérant » dans son comportement. Selon lui, « quelqu’un qui envisage d’être président de la République grève par anticipation la fonction à laquelle il aspire ».
Cette critique fait écho aux déclarations répétées de l’ancien Premier ministre, désormais maire du Havre, qui multiplie les interventions médiatiques et politiques sur des sujets nationaux, tout en cultivant une image de rassembleur au-delà des clivages partisans. Pour Dupond-Moretti, cette stratégie revient à instrumentaliser la fonction présidentielle avant même d’y prétendre officiellement.
Un « quinquennat à géométrie variable » jugé incohérent
Au-delà des attaques personnelles, l’ex-garde des Sceaux livre une critique plus large de la gouvernance macroniste. Il dénonce un « quinquennat à géométrie variable au gré de l’opinion publique », qu’il juge « incompréhensible et contraire à toutes nos institutions ».
Pour lui, cette adaptation constante aux sondages et aux humeurs de l’opinion nuit à la stabilité de l’action publique et affaiblit la crédibilité de l’exécutif. Une vision qui contraste avec la posture de pragmatisme revendiquée par l’Élysée, mais qui trouve un écho dans une partie de l’opinion lasse des revirements perçus comme tactiques.
Un camp présidentiel en pleine recomposition
Les propos de Dupond-Moretti interviennent dans un contexte de recomposition profonde du paysage politique français. Alors que la majorité présidentielle peine à se stabiliser après les législatives de 2022, plusieurs de ses figures historiques cherchent désormais à tracer leur propre voie, en vue de l’élection présidentielle de 2027.
Dans ce jeu d’anticipation, les déclarations de l’ancien avocat pénaliste révèlent autant une fidélité indéfectible à Emmanuel Macron qu’une volonté de marquer son territoire dans un écosystème en mutation. Reste à savoir si cette loyauté sera récompensée — ou si elle ne fera que l’isoler davantage.