Alain Minc tourne le dos à Macron : « Le pire président de la Ve République »
Autrefois mentor influent, désormais critique acerbe : Alain Minc, l’un des premiers soutiens intellectuels d’Emmanuel Macron, rompt publiquement avec le chef de l’État. Dans un entretien cinglant accordé à L’Express le 7 octobre 2025, l’essayiste et ancien conseiller ne mâche pas ses mots. Selon lui, le président aurait sombré dans un « narcissisme presque pathologique », au point de devenir, selon ses propres termes, « le pire président de la Ve République ». Une déclaration qui résonne comme un séisme dans les cercles proches du pouvoir — et qui interroge sur l’avenir même de la politique française.
La séquence intégrale Alain Minc sur BFMTV. (10/10) pic.twitter.com/SmrzkousEx
— Kâplan (@KaplanBen_Fr) October 11, 2025
Un virage brutal après huit ans de soutien
Depuis 2017, Alain Minc a été l’un des artisans invisibles de la montée en puissance d’Emmanuel Macron. Il saluait alors sa modernité, son pragmatisme et sa capacité à incarner une rupture. Aujourd’hui, il accuse le président d’avoir « gâché tous ses atouts » par un « déni du réel » croissant. « L’État français n’a jamais été aussi dominé par la psychologie du président », déplore-t-il, évoquant un second mandat marqué par l’isolement, les erreurs stratégiques et une perte de contact avec les réalités du terrain.
Pourtant, Minc reconnaît quelques succès : il qualifie la gestion de la crise du Covid de « exemplaire », notamment pour avoir résisté aux pressions des technocrates. Mais ce bilan positif est largement éclipsé, selon lui, par les dérives ultérieures — notamment l’incapacité à construire une majorité présidentielle Assemblée nationale 2025 stable.
« Le macronisme est mort »
L’ancien proche du président ne croit plus en la pérennité du « macronisme ». Selon lui, ce courant politique, né de l’effervescence de 2017, est aujourd’hui à l’agonie. « Si une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale avait lieu, on verrait très clairement que le macronisme est mort », affirme-t-il sans détour.
Il compare Emmanuel Macron à Hamlet : une figure tragique, hantée par l’indécision, dont les qualités initiales sont progressivement rongées par l’excès de soi. Cette métaphore résume, à ses yeux, la trajectoire d’un quinquennat parti en déliquescence, dans un contexte où les scandales politiques France 2025 alimentent la défiance citoyenne.
Une crise institutionnelle plus profonde que le seul mandat Macron
Pour Alain Minc, le problème ne se limite pas à la personne du président. Il est structurel. « La Ve République repose sur un président fort et une majorité claire à l’Assemblée nationale. Or, ce socle s’est effondré », explique-t-il. Avec les législatives 2024 résultats marqués par un éclatement sans précédent des forces politiques et un taux d’abstention législatives 2024 record, le système institutionnel actuel semble en panne.
Il va plus loin : « Je ne suis même pas sûr qu’il puisse achever son quinquennat. » Une remarque qui ravive les spéculations sur une possible démission — scénario qu’il juge pourtant dangereux. « Une démission de Macron marquerait peut-être le début de la fin de la Ve République », prévient-il.
2027 ne sera pas une solution magique
Alain Minc met en garde contre l’illusion d’un « retour à la normale » avec l’élection présidentielle 2027. « C’est une erreur de croire que le prochain chef de l’État remettra d’aplomb nos institutions », souligne-t-il. La clé, selon lui, ne réside pas dans la personnalité du futur président, mais dans la capacité — ou non — à obtenir une majorité présidentielle Assemblée nationale 2025 stable.
Or, dans un paysage fracturé entre Rassemblement National, gauche unie, droite divisée et centre affaibli, cette perspective semble de plus en plus lointaine. « Qui est candidat à la présidentielle 2027 ? » devient alors une question secondaire tant que la crise du système représentatif n’est pas résolue.
Et si certains se demandent encore « Quel est le rôle du Premier ministre en 2025 ? », la réponse semble se perdre dans les limbes d’un exécutif enlisé — entre un gouvernement Attal disparu, un successeur en sursis et une absence totale de feuille de route partagée.
Entre bilan personnel et avertissement historique
Derrière la sévérité du jugement d’Alain Minc se cache une inquiétude plus large : celle d’un effondrement progressif de la capacité de la France à gouverner. Dans un contexte marqué par les scandales politiques France 2025, l’absence de gouvernement stable et les tensions sociales persistantes — notamment autour de la réforme des retraites 2025 actualité — sa mise en garde sonne comme un appel à la lucidité.
« J’ose espérer qu’il n’en est pas le fossoyeur », dit-il à propos d’Emmanuel Macron. Une phrase lourde de sens — et peut-être prophétique.