Rentrée 2025 : 2 500 professeurs manquants, la crise continue
Urgence dans l’Éducation nationale : 2 500 postes de professeurs vacants à la rentrée 2025
À l’heure où des milliers d’élèves franchissent à nouveau les portes des collèges et lycées, une réalité inquiétante persiste : des classes restent sans enseignant. Malgré les annonces rassurantes, le constat est sans appel. Deux mille cinq cents postes d’enseignants sont en déficit à la rentrée 2025, selon les déclarations mêmes de la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne. Un chiffre qui, bien qu’en baisse par rapport à l’an passé, révèle une crise structurelle que ni les discours ni les mesures d’urgence ne parviennent à endiguer. Le système peine à garantir un professeur pour chaque élève. Et derrière les statistiques, c’est tout un corps enseignant en souffrance qui s’exprime.
Un déficit massif malgré des promesses rassurantes
Élisabeth Borne s’est exprimée ce lundi 1er septembre sur RTL, tentant de tempérer l’inquiétude ambiante. 99,3 % des postes sont pourvus, affirme-t-elle, soulignant que le taux d’heures non couvertes s’élève à 0,7 % dans le second degré. Ce pourcentage, dit-elle, correspond à l’équivalent de 2 500 enseignants manquants — un chiffre moindre qu’en 2024.
Pourtant, cette précision statistique ne masque pas la réalité du terrain. Le SNES-FSU, principal syndicat du second degré, avait tiré la sonnette d’alarme une semaine avant la rentrée. Sophie Vénétitay, sa secrétaire générale, a été claire : « Il n’y aura pas un professeur dans chaque classe lundi. » Une prophétie que les déclarations ministérielles confirment, même si elles sont habillées de nuances.
La ministre insiste sur la mobilisation des rectorats et annonce un renforcement des équipes de remplaçants. Objectif affiché : assurer une présence durable dans chaque salle de classe. Mais les syndicats restent sceptiques. Ces mesures d’appoint ne suffisent pas à résoudre un problème profondément ancré.
Le « bricolage pédagogique » dénoncé par les enseignants
Le terme est devenu emblématique : le bricoeduc. Ce néologisme, lancé par le SNES-FSU, résume une situation que beaucoup jugent inacceptable. Face aux pénuries, les académies sont contraintes de recourir à des solutions d’urgence. L’une des plus controversées ? L’attribution de cours de français à des enseignants non spécialisés, comme cela a été tenté dans l’académie de Dijon en mai 2025.
Des professeurs de mathématiques ou d’histoire se retrouvent ainsi en charge de cours de lettres, sans avoir le CAPES ou l’agrégation requis. Une décision qui a provoqué un tollé dans la communauté éducative. « Le ministère fait preuve de créativité pour ses mauvaises idées », dénonçait Sophie Vénétitay en juin, pointant du doigt l’absence de revalorisation salariale et de politique de valorisation du métier.
L’affiche « BricoEduc », parodie des enseignes de bricolage, circule désormais dans les couloirs des établissements. Elle symbolise une profession qui se sent dévalorisée, contrainte de colmater les fissures d’un système en perte de vitesse.
Un problème structurel, pas conjoncturel
Les chiffres de 2024 donnent une dimension encore plus inquiétante à la situation. Selon une enquête menée par le SNES-FSU, 56 % des établissements du second degré comptaient au moins un poste d’enseignant non pourvu à la rentrée dernière. Une proportion massive, qui suggère que le déficit n’est pas un phénomène isolé, mais bien un mal chronique.
L’enquête pour la rentrée 2025 est en cours. Les premiers retours laissent peu de place à l’optimisme. Les conditions de travail, la pénibilité du métier, les salaires stagnants — tous ces facteurs alimentent une crise de recrutement et de fidélisation. Remplacer des enseignants absents devient un casse-tête quotidien pour les chefs d’établissement.
Et si le taux de 0,7 % d’heures non couvertes peut sembler faible, il faut le replacer dans une réalité concrète : chaque heure sans professeur est une heure perdue pour un élève. Dans un contexte de décrochage scolaire et d’inégalités territoriales, cette absence pèse lourd.