“Je préfère rester au RSA” : la vidéo qui dévoile le piège explosif des aides sociales en France
Imaginez : on vous propose un travail. Un vrai. Avec un salaire, des collègues, un horaire… mais vous dites non. Pas par orgueil. Pas par paresse. Par calcul. Parce que travailler, dans votre cas, vous ferait perdre plus d’argent qu’il n’en rapporte. Ce n’est pas une fiction. C’est une réalité vécue par des milliers de Français. Et ce n’est pas un problème marginal — c’est un piège structurel, un paradoxe social brûlant, un sujet qui fâche… et qu’on ne peut plus ignorer.
Le piège de la “trappe à pauvreté” : quand le travail coûte plus qu’il ne rapporte
En théorie, le travail libère. En pratique, pour certains, il appauvrit. Ou du moins, il ne permet pas de s’enrichir suffisamment pour compenser la perte des aides sociales. C’est ce qu’on appelle, dans les rapports économiques, l’effet de seuil — ou, plus crûment, la “trappe à pauvreté”.
Refuser un emploi pour garder les aides sociales.
Ça c’est un sujet ! pic.twitter.com/zicDI9hJUS— 🇨🇵LaGauloise🎗️ (@LaGauloiseZzz) September 5, 2025
Un parent isolé, par exemple, peut percevoir le Revenu de solidarité active (RSA), des allocations logement, la Prime d’activité, la Complémentaire santé solidaire, et parfois des aides locales. Si ce parent accepte un emploi à 20 heures par semaine, son revenu brut augmente… mais ses aides diminuent, parfois brutalement. Résultat ? Son revenu net peut stagner, voire baisser.
Et ce n’est pas une exception. Une étude de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) montre que, dans certains cas, le taux de prélèvement implicite — c’est-à-dire la part du revenu supplémentaire absorbée par la perte d’aides — peut dépasser 80 %. Autrement dit : pour 100 euros gagnés en plus, on en perd 80 en prestations. Qui voudrait se lever tôt pour ça ?
“Je préfère rester au RSA” : des témoignages qui glacent
Derrière les chiffres, il y a des visages. Des mères de famille, des jeunes sortis du système scolaire, des travailleurs précaires. Certains osent le dire à voix haute : “Oui, j’ai refusé un CDI. Parce que je ne pouvais pas me le permettre.”
Sur les réseaux sociaux, dans les forums d’insertion, ou même dans les couloirs des missions locales, ces témoignages se multiplient. Pas par fainéantise — mais par lucidité économique. “Mon employeur m’a proposé 1 300 euros nets. J’ai calculé : avec la perte de mes aides, je perdrais 400 euros par mois. J’ai dit non”, raconte Sarah, mère solo à Marseille.
Ce n’est pas un cas isolé. C’est un système qui, malgré ses bonnes intentions, pousse certains à choisir entre la dignité du travail… et la survie financière.
Un problème structurel, pas moral
Attention : ce n’est pas une question de morale. Ce n’est pas “les assistés contre les travailleurs”. C’est un dysfonctionnement technique, mathématique, bureaucratique. Le système des aides sociales est conçu pour se retirer progressivement — mais pas assez progressivement. Il manque de fluidité. De souplesse. De bon sens.
Le gouvernement le sait. En 2023, une mission parlementaire a été lancée pour “lutter contre les effets de seuil”. Des pistes ont été évoquées : lisser la sortie des aides, étaler les pertes sur plusieurs mois, créer un “bouclier social” pour les primo-accédants à l’emploi. Mais les réformes tardent. Et pendant ce temps, le paradoxe perdure.
Pire : il nourrit les discours clivants. À droite, on parle de “découragement au travail”. À gauche, de “punition des plus précaires”. Les deux ont tort — ou plutôt, les deux ont raison à moitié. Le vrai problème, c’est que le système ne récompense pas assez l’effort. Il le pénalise.
Des solutions existent — mais elles demandent du courage politique
Plusieurs pays ont déjà résolu — ou atténué — ce problème. Au Royaume-Uni, le “Universal Credit” a été conçu pour éviter les effets de seuil brutaux. En Allemagne, certaines aides sont maintenues partiellement pendant une période de transition. En France ? On hésite. Par peur du coût. Par peur du “quoi qu’il en coûte social”. Par peur des critiques.
Pourtant, l’enjeu est simple : soit on réforme le système pour qu’il récompense le travail — même modeste —, soit on condamne des milliers de personnes à choisir entre la honte de refuser un emploi… et la misère de l’accepter.
Et ce n’est pas qu’une question de budget. C’est une question de justice. De cohérence. De respect.