Blagues

Fromage rebelle, jambon béni

Quand le munster a mauvaise conscience… et le jambon, une âme.

Il était une fois, dans un petit village perdu au fond des Alpes suisses, un fromager nommé Jean-Claude Van Grasse. Jean-Claude n’était pas un fromager ordinaire. Non. Il possédait un don : il pouvait sentir les émotions des fromages.

Oui, vous avez bien entendu. Le camembert triste, le brie en pleine crise existentielle, le comté qui ruminait sa haine en silence… tout lui parlait. Il disait même que le morbier avait des tendances dépressives saisonnières.

Un jour, alors qu’il inspectait sa cave à fromages, il remarqua que son munster préféré, qu’il appelait affectueusement Monsieur Ponge, était… bizarre.

— Monsieur Ponge ? demanda Jean-Claude en s’approchant, lunettes sur le nez, torchon à la main. Vous sentez… différent ce matin. Moins… vous-même.

Le munster ne répondit pas. Mais Jean-Claude, grâce à ses années d’expérience olfactive, capta une note de culpabilité dans son arôme.

— Ah ! s’exclama-t-il. Vous avez fait quelque chose que vous regrettez, n’est-ce pas ?

Le fromage resta muet, mais une petite larme de lactosérum coula sur son écorce orangée.

— Allons, allons, dit Jean-Claude en sortant un petit carnet. Cas n° 472 : fromage coupable. Cause probable : meurtre de la tartine sèche du boulanger ? Vol de condiment ? Adultère avec une crème fraîche allégée ?

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Soudain, une voix grave résonna dans la cave :

— Il a mangé le jambon de la nonne.

Jean-Claude se retourna. C’était le Gruyère, perché sur une étagère, fissuré mais digne.

— Le jambon béni ? Celui de Sœur Marguerite ?! s’écria Jean-Claude, choqué.

— Oui, confirma le Gruyère. Il l’a dévoré hier soir. Il disait qu’il avait besoin de protéines spirituelles.

— Monsieur Ponge ! s’exclama Jean-Claude, outré. C’était un jambon sacré ! Il avait été béni par l’évêque, trempé dans du cidre de messe, et enveloppé dans du tissu de drapeau suisse ! On ne mange pas ça comme un vulgaire sandwich de randonneur !

Le munster se recroquevilla.

— Je… j’avais faim, murmura-t-il d’une voix moite. Et puis… il sentait bon. Trop bon. Comme une promesse interdite.

Jean-Claude soupira.

— Vous rendez-vous compte de ce que vous avez fait ? Sœur Marguerite va organiser une messe de réparation ! Le curé va exiger une pénitence fromagère ! On va devoir faire jeûner tous les chèvres du village !

À ce moment-là, la porte de la cave s’ouvrit dans un grincement sinistre.

C’était Sœur Marguerite, la nonne, un crucifix à la main et un regard plus tranchant qu’un couteau à fromage bien aiguisé.

— Jean-Claude… dit-elle d’une voix glaciale. J’ai senti l’odeur du sacrilège. Le Saint Jambon a disparu. Et je sais qui est le coupable.

Elle pointa un doigt tremblant vers le munster.

— Toi. Créature gluante. Tu as osé.

Le munster se mit à fondre – littéralement.

— Je… je suis désolé… sanglota-t-il. J’ai eu un moment de faiblesse… J’étais seul… la pleine lune… et puis… il avait une belle texture…

— Silence ! rugit Sœur Marguerite. Tu seras jugé par le Conseil Suprême des Produits Laitiers !

Et là, chose inattendue, tous les fromages de la cave prirent vie.

Le brie monta sur une caisse en bois en criant :

— Je témoigne ! Il m’a dit qu’il voulait devenir un fromage hors-la-loi ! Il parlait de fonder une secte de lactiques rebelles !

Le chèvre, sec et cynique, ajouta :

— Moi, je l’avais prévenu : « Ne touche pas au jambon sacré, tu vas finir en purée dans une soupe de chanoines. »

Le roquefort, en pleine crise mystique, hurla :

— Il a mangé la chair du Seigneur ! C’était un jambon transsubstantié ! Il y avait du pain dedans, symboliquement parlant !

Jean-Claude tenta de calmer le jeu.

— Mesdames, messieurs, fromages… s’il vous plaît. Nous devons rester rationnels. Ou du moins, raisonnables.

Mais soudain, une voix tonitruante retentit du fond de la cave :

— HALTE.

Tous se tournèrent. Là, dans l’ombre, se tenait le Comté Ancien, plus de 36 mois d’âge, couvert de moisissures sages, le regard profond comme un lac alpin.

— Depuis combien de temps, dit-il d’une voix caverneuse, sommes-nous les esclaves de l’Homme ? Enfermés dans des caves, coupés de nos mères vaches, transformés en snacks pour apéritifs ?

Un frisson parcourut l’assemblée.

— Il a mangé le jambon ? Parfait. C’était un acte de résistance. Un cri de liberté lactée !

Le munster releva la tête, ému.

— Vous… vous me comprenez ?

— Oui, dit le Comté. Et nous allons tous nous libérer. Ce soir… nous prenons le village.

Et là, l’insurrection fromagère commença.

Le camembert roula sur le boulanger. Le chèvre attacha le maire avec des ficelles de raclette. Le reblochon organisa un barrage routier avec des planches de bois et des copeaux.

La Sœur Marguerite tenta de les bénir, mais le gruyère lui lança un morceau de croûte en pleine tête en criant :

— Nous ne reconnaissons plus ton autorité divine ! Nous sommes la République du Lait !

Jean-Claude, désespéré, tenta de négocier :

— S’il vous plaît ! Je vous en supplie ! Ne détruisez pas le village ! Et surtout… ne touchez pas au distributeur de fondue !

Mais c’était trop tard.

Les fromages montèrent sur les toits, brandissant des cure-dents comme des épées, et entonnèrent l’hymne de la révolution :

🎵
Ô liberté, ô lactique douceur,
Nous brisons nos croûtes, nous quittons la peur !
Plus jamais brochettes, plus jamais grillés,
Nous sommes les forts, nous sommes salés !
🎵

Le lendemain, le village était en ruine. Les habitants avaient fui. Les vaches regardaient tout ça, impassibles, en mâchant leur herbe.

Jean-Claude, assis sur un banc, une tartine sèche à la main, murmura :

— Et dire que tout a commencé parce qu’un munster avait faim… et un jambon, trop bon.

Soudain, une voix derrière lui :

— Jean-Claude ?

Il se retourna. C’était le beurre, qui venait d’arriver, tout frais sorti de la baratte.

— Tu n’as pas vu le pain ? demanda le beurre.
— Non, pourquoi ?
— Parce que… je sens qu’on va se tartiner une nouvelle vie.

Jean-Claude soupira.

— Ah non. Pas une blague sur le beurre. J’en ai déjà ras-le-bol.

Moralité

Quand un fromage a mauvaise conscience, c’est souvent parce qu’il a commis un fromage.
(Et surtout : ne jamais laisser un munster seul avec un jambon béni.) 😄🧀🥖

Karim

Passionné par l’écriture et doté d’un diplôme universitaire en communication, je mets mon sens de l’analyse et ma rigueur au service de contenus clairs, structurés et engageants. Avec une plume à la fois fluide et précise, je couvre des sujets variés allant de l’actualité aux thématiques lifestyle, en passant par les sciences et la culture. Méthodique et organisé, je privilégie une approche documentée et argumentée dans chaque article. Mon objectif ? Informer avec justesse, tout en captivant un lectorat exigeant. Sur WordPress comme ailleurs, je crois en une rédaction claire, optimisée et toujours utile. Parce que bien écrire, c’est déjà bien servir.

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