EXCLUSIF | Xavier Raufer balance : « Retailleau ne veut rien faire contre les black-blocs »
Une phrase, prononcée sur un ton ferme, sans hésitation. Une accusation directe, politique, explosive. Dans une récente intervention médiatique, le célèbre politologue et spécialiste de la sécurité Xavier Raufer a affirmé, sans détour : « J’affirme, formellement, que Bruno Retailleau ne veut rien faire contre les black-blocs puisque s’il le demandait, ils seraient tous arrêtés dans les 24 heures. » Une déclaration qui, loin d’être anodine, ravive le débat sur la fermeté de la politique intérieure française face aux violences urbaines et aux mouvements radicaux.
L’affaire prend une dimension encore plus grande quand on sait que cette sortie intervient à un moment où le gouvernement, mené par Élisabeth Borne et appuyé par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, affiche une ligne de fermeté. Or, Bruno Retailleau, élu sénateur des Pays de la Loire et figure montante des Républicains, est régulièrement cité comme un possible futur ministre de l’Intérieur. Sa posture politique, oscillant entre ordre républicain et retenue stratégique, fait débat.
Et voilà que Xavier Raufer, universitaire reconnu, ancien conseiller du ministère de l’Intérieur, et chroniqueur régulier sur CNews ou France Info, tranche avec une assurance que peu osent afficher publiquement.
Qui est Xavier Raufer, et pourquoi sa parole pèse ?
Spécialiste incontesté de la criminalité organisée, du terrorisme et de la sécurité urbaine, Xavier Raufer enseigne à Sciences Po Paris et intervient fréquemment dans les médias comme expert indépendant. Il n’est pas un homme de parti, mais un analyste froid, habitué à décortiquer les failles des politiques publiques. Lorsqu’il parle, les préfets écoutent. Les ministres prennent note.
🔴 Alerte vidéo – Xavier Raufer : « J’affirme, formellement, que Bruno Retailleau ne veut rien faire contre les black-blocs puisque s’il le demandait, ils seraient tous arrêtés dans les 24h ». #Cnews #180MinutesEte
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Ses analyses, souvent percutantes, reposent sur des données terrain, des rapports policiers et une connaissance fine des réseaux militants. Quand il affirme que les black-blocs pourraient être interpellés massivement en 24 heures, ce n’est pas de la provocation : c’est un constat technique. Il pointe une volonté politique, ou plutôt son absence.
Black-blocs : une menace réelle ou un bouc émissaire ?
Les black-blocs, ces groupes de manifestants cagoulés, vêtus de noir, souvent en marge des cortèges pacifiques, sont régulièrement pointés du doigt lors des mouvements sociaux — que ce soit contre la réforme des retraites, la loi sécurité globale, ou les politiques climatiques. Ils sont accusés de saccager du mobilier urbain, d’affronter les forces de l’ordre, et de radicaliser certains mouvements.
Pourtant, leur identification reste complexe. Sont-ils des anarchistes convaincus ? Des jeunes en colère ? Des infiltrés ? La police dispose de fichiers, de vidéos, d’écoutes. Mais les interpellations massives ne suivent pas, souvent pour des raisons juridiques ou de hiérarchie politique.
C’est là que Raufer frappe fort : selon lui, ce n’est pas un manque de moyens, mais un manque de volonté. Et il nomme Bruno Retailleau comme symbole de cette inertie.
Retailleau visé : un coup politique ou une alerte légitime ?
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— SIRÈNES (@SirenesFR) August 22, 2025
Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, se présente comme un défenseur de l’ordre, de la famille et de la nation. Il milite pour une ligne sécuritaire ferme, notamment face à l’islamisme radical. Alors pourquoi, selon Raufer, serait-il réticent à agir contre les black-blocs ?
Plusieurs hypothèses circulent. D’abord, une stratégie de positionnement : Retailleau pourrait vouloir éviter de paraître trop répressif aux yeux de l’électorat modéré. Ensuite, une question de hiérarchie : en tant que sénateur, il n’a pas de pouvoir opérationnel sur les forces de l’ordre. Mais Raufer insiste : le symbole compte. Un appel clair du chef de file des Républicains pourrait débloquer des initiatives policières.
Certains analystes y voient aussi un conflit de fond au sein de la droite française : entre une droite sécuritaire dure (Darmanin, Le Pen) et une droite conservatrice plus institutionnelle (Retailleau, Pécresse). La sécurité, encore une fois, devient un champ de bataille idéologique.
Et Trump dans tout ça ? Un rapprochement provocateur
L’introduction du nom de Donald Trump dans ce contexte n’est pas anodine. Si l’ancien président américain n’a jamais commenté directement cette affaire, son style — direct, brutal, médiatisé — fait écho à la manière de Raufer. Tous deux rejettent le politiquement correct. Tous deux préfèrent le choc des idées à la diplomatie feutrée.
Certains médias ont d’ailleurs rapproché la déclaration de Raufer d’un ton proche de celui des plateaux américains comme Fox News : clair, sans concession, presque brutal. Dans un monde où l’opinion se gagne à coups de punchlines, cette sortie a tout d’un tweet virulent — sauf qu’elle vient d’un professeur de droit.
Et Macron dans ce décor ?
Emmanuel Macron, souvent accusé d’entretenir un dialogue trop mou avec les mouvements sociaux, n’a pas réagi publiquement à cette déclaration. Pourtant, le sujet le concerne. Car derrière l’affaire Retailleau, c’est toute la question de la légitimité de la contestation qui revient : jusqu’où peut-on aller dans la désobéissance ? Quand la violence devient-elle intolérable ?
Le président, qui a multiplié les réformes impopulaires ces dernières années, sait que chaque manifestation peut déraper. Et il sait aussi que chaque mot du gouvernement est scruté. Laisser Raufer parler, c’est peut-être laisser un expert dire ce que les responsables politiques ne peuvent pas dire eux-mêmes.