Toto amoureux de sa maîtresse : une devinette inoubliable (et une claque bien sentie)
Toto est amoureux de sa maîtresse
Tout le monde le savait. Toto, le petit garçon aux yeux ronds et à l’imagination débordante, était raide dingue de sa maîtresse. Pas d’un amour sage, non. Un amour de sixième, avec cœur qui bat, rougissement au moindre regard, et devoirs faits en triple exemplaire « au cas où elle voudrait relire ». Même la maîtresse s’en était rendu compte. Et disons-le, elle faisait mine de ne rien voir. Par professionnalisme. Ou par instinct de survie.
Ce jour-là, en classe, elle lance un jeu de devinettes. Un truc innocent. Un peu de rigolade avant le goûter. Elle pose une question, un élève répond, et hop, on passe à la suivante. Sauf que Toto, lui, veut briller. Il lève le doigt à chaque fois. À croire qu’il a révisé toute la nuit… ou qu’il espère qu’un bon mot lui vaudra un regard appuyé, un sourire, voire — qui sait ? — une place en première ligne.
Sauf que Toto, malgré tout son amour, n’est pas exactement un génie des énigmes.
— Non, Toto, un crocodile n’a pas cinq pattes.
— Non, Toto, la lune n’est pas faite de fromage suisse.
— Non, Toto, le Père Noël ne vit pas à Disneyland.
Mais la maîtresse, toujours bienveillante, tapote son épaule avec un sourire mi-figue mi-raisin :
— Ce n’est pas la bonne réponse, Toto… mais c’est quand même bien d’avoir essayé !
Et là, miracle : la cloche sonne. Fin des cours. Les enfants s’envolent comme des moineaux. Tous, sauf un. Toto reste planté là, sérieux comme un ministre, une lueur inquiétante dans le regard. Il s’approche de la maîtresse, d’un pas lent, presque théâtral.

— Moi aussi, j’ai une devinette pour vous, mademoiselle.
Elle soupire, amusée.
— Oui, Toto, quelle est-elle ?
Il la regarde droit dans les yeux. Prend une inspiration. Et lâche :
— J’ai dans mon pantalon une petite tige, assez dure, avec un bout tout rouge… et qui peut vous mettre le feu. Qu’est-ce que c’est ?
SLASH !
La gifle part comme un réflexe de survie nationale.
La maîtresse, rouge de honte, de colère, et peut-être d’un tout petit peu de panique, recule d’un pas. Toto, sonné, les joues en feu, sort doucement quelque chose de sa poche.
Une allumette.
Il la brandit, tout tremblant, et dit d’une voix douce, pleine de candeur :
— Ce n’était pas la bonne réponse, mademoiselle… mais c’est quand même bien d’avoir essayé.
Un silence. Puis un rire nerveux dans le couloir. Puis un autre. Et bientôt, toute l’école parle de l’élève qui a osé, de la maîtresse qui a réagi, et de l’allumette qui n’a jamais eu autant de pouvoir.