Nutrition

Le sucre n’est pas le vilain : C’est l’industrie alimentaire qui joue avec notre cerveau

Et si on nous avait menti sur le sucre ? Pendant des années, il a été désigné comme l’ennemi numéro un de la santé : obésité, diabète, maladies cardiovasculaires. Pourtant, une voix s’élève pour remettre les pendules à l’heure. Le Dr Émilie Steinbach, spécialiste en nutrition et invitée de RTL, affirme sans détour : le sucre en lui-même n’est pas le problème. Ce qui est dangereux, c’est la manière dont il est utilisé — ou plutôt, détourné — par l’industrie agroalimentaire. Derrière les yaourts “allégés”, les barres “bio” et les plats “pratiques”, se cache une stratégie d’ingénierie du désir. Et c’est notre cerveau qui paie le prix.

Une fausse accusation contre le sucre

Le sucre, naturellement présent dans les fruits, le lait ou le miel, fait partie de l’alimentation humaine depuis des millénaires. Pourtant, il est devenu synonyme de danger. Le Dr Steinbach nuance : “Un humain ne devient pas dépendant au sucre comme il le devient à la cocaïne.” Les études sur les souris, souvent citées, sont réalisées dans des conditions extrêmes — jeûne suivi d’exposition massive — et ne reflètent pas la réalité de notre consommation.

Ce n’est donc pas le sucre isolé qui crée une addiction, mais sa combinaison avec d’autres composants — gras, sel, arômes artificiels — dans des proportions calculées au milligramme près. Un mélange qui, lui, active puissamment le système de récompense du cerveau. Et qui, à la longue, nous rend prisonniers de nos assiettes.

La “formule secrète” des aliments ultra-transformés

Dans les laboratoires de l’agroalimentaire, on ne parle plus de recettes. On parle de “plaisir optimal”, de “point idéal”, de “craveability” — ce pouvoir qu’a un aliment de nous faire “saliver” mentalement. Des équipes entières travaillent à concevoir des textures qui fondent, craquent ou fondent à nouveau, des arômes qui explosent en bouche, des saveurs impossibles à trouver dans la nature.

Ces produits ne nourrissent pas. Ils stimulent. Ils provoquent une montée rapide de dopamine, cette molécule du plaisir, qui crée une mémoire sensorielle forte. Le cerveau associe alors l’aliment à une récompense. Et il en redemande. Même quand on n’a plus faim.

Pire : ces aliments sont conçus pour berner notre satiété. Ils sont légers en volume, mais riches en calories vides. Résultat ? On mange un paquet entier sans s’en rendre compte. Et deux heures plus tard, on a à nouveau faim.

Un marketing qui cible les faiblesses humaines

L’ingénierie ne s’arrête pas à la composition. Elle continue sur l’emballage, en rayon, dans la pub. Les mots “0 %”, “allégé”, “riche en protéines” ou “bio” sont utilisés comme des leurres. Ils donnent une fausse impression de santé. Or, de nombreux produits portant ces mentions sont classés en groupe 4 de la classification NOVA : ultra-transformés.

Les enfants sont une cible privilégiée. Couleurs vives, personnages, emballages ludiques, positionnement stratégique dans les supermarchés — tout est pensé pour capter l’attention et créer une habitude dès le plus jeune âge. Une habitude qui, souvent, dure toute la vie.

Comment reprendre le contrôle ?

Le Dr Steinbach appelle à une prise de conscience collective. “Nous ne sommes pas faibles. Nous sommes confrontés à des produits conçus pour nous dépasser.” La première étape ? Apprendre à reconnaître les aliments ultra-transformés. Plusieurs signes doivent alerter :

Une liste d’ingrédients longue, avec des termes incompréhensibles (maltodextrine, arômes nature-identiques, émulsifiants…).
Des promesses de bien-être disproportionnées par rapport au produit.
Un goût “trop parfait”, une texture “trop idéale” pour être naturelle.
Des outils comme Open Food Facts permettent de scanner un produit et d’obtenir une note claire sur son niveau de transformation. Privilégier les aliments entiers, frais, bruts, c’est retrouver une relation saine avec la nourriture.

Et pour ceux qui ressentent une perte de contrôle face à certains aliments, il est essentiel de ne pas culpabiliser — et de demander de l’aide. Nutritionnistes, psychologues, médecins : plusieurs professionnels peuvent accompagner.

Une révolution alimentaire commence par un regard lucide

Le vrai poison n’est pas dans l’assiette. Il est dans le système. Un système qui transforme la nourriture en produit de marketing, le corps en terrain de jeu, et la faim en opportunité commerciale. Le sucre n’est qu’un acteur parmi d’autres. Le vrai coupable, c’est une industrie qui sait comment nous manipuler — et qui le fait chaque jour, sans que nous le voyions.

Mais en comprenant les mécanismes, nous reprenons du pouvoir. Un pouvoir simple : celui de choisir.

Karim

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