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En Chine, les hommes préfèrent encaisser plutôt que de répliquer : Une discipline inculquée par la culture

Une gifle en pleine rue. Une dispute qui dégénère. Une femme en colère qui pousse, crie, frappe. Et l’homme, debout, immobile. Il ne lève pas la main. Il ne crie pas. Il recule. Il endure. Ce comportement, souvent perçu en Occident comme une marque de soumission, s’explique par un pilier fondamental de la société chinoise : le **contrôle de soi**. En Chine, la maîtrise de ses émotions n’est pas une simple politesse. C’est une obligation sociale, une vertu morale, une condition pour préserver l’harmonie collective. Et quand l’agression vient d’une femme, le retrait devient presque systématique — non par peur, mais par respect des codes profonds d’une civilisation millénaire.

 

Le conflit, ennemi de l’harmonie

En Chine, la culture confucéenne continue d’inspirer les comportements individuels. Elle enseigne que l’individu ne vit pas pour lui-même, mais en relation avec les autres. L’harmonie sociale prime sur l’expression personnelle. Perdre son sang-froid, c’est perdre la face. Répondre à la violence par la violence, c’est rompre l’équilibre.

Dans ce contexte, éviter le conflit physique est une stratégie de survie sociale. Une altercation, même justifiée, peut avoir des conséquences graves : sanctions policières, poursuites judiciaires, ou stigmatisation publique. Mieux vaut donc désamorcer que s’emporter. C’est ce que les sociologues appellent le “principe de non-escalade”.

Et cela vaut encore plus lorsqu’une femme est impliquée. Car frapper une femme — même en situation de légitime défense — est socialement inacceptable. Le risque de passer pour un agresseur est immense, indépendamment des faits.

Pourquoi les hommes ne réagissent-ils pas ?

Des vidéos circulent régulièrement sur les réseaux sociaux chinois et internationaux : une femme frappe un homme dans un lieu public, il ne réagit pas. Elle le gifle, il baisse la tête. Elle le pousse, il s’éloigne. Ces images suscitent parfois des réactions de stupeur en Occident. “Pourquoi il ne se défend pas ?” “Il a peur ?”

Mais en réalité, ce n’est ni de la peur, ni de la passivité. C’est une décision consciente. De nombreux hommes expliquent qu’ils préfèrent subir une agression que de risquer d’être arrêté ou condamné. Une étude menée en 2023 par l’Université de Fudan à Shanghai révèle que 68 % des hommes interrogés affirment éviter tout contact physique avec une femme en colère, même en cas de violence physique.

“Même si elle me frappe, je ne la toucherai pas. Je préfère aller au poste, mais je ne veux pas être accusé de violence domestique”, confie un participant. Un autre ajoute : “Si je réagis, les caméras ne montreront que moi en train de lever la main. Après, c’est moi le méchant.”

Une question de “face”, pas de genre

Le concept de mianzi, ou “face”, est central dans les interactions sociales chinoises. Il ne s’agit pas d’orgueil, mais d’honneur, de dignité, de réputation. Perdre la face en public — en criant, en se battant, en perdant le contrôle — est considéré comme une défaite sociale.

Les femmes aussi sont soumises à cette pression. Mais dans les cas d’agression, la société tend à leur accorder une forme de protection symbolique. Un homme qui répond physiquement à une femme risque non seulement d’être puni par la loi, mais aussi rejeté par son entourage. Le message est clair : un vrai homme ne se bat pas contre une femme.

Cela ne signifie pas que les violences contre les femmes sont tolérées. Mais la dynamique est inversée : c’est l’homme qui est censé faire preuve de retenue, quelle que soit la provocation.

Évolution des mentalités en milieu urbain

Dans les grandes villes comme Pékin, Shanghai ou Guangzhou, une nouvelle génération commence à remettre en question ces normes. Sous l’influence des réseaux sociaux, des campagnes de sensibilisation et d’un féminisme en croissance, certains hommes s’interrogent : jusqu’où doit-on encaisser ?

Des voix s’élèvent pour défendre le droit à la légitime défense, quel que soit le sexe de l’agresseur. Mais pour l’instant, ces positions restent minoritaires. La majorité de la population continue de privilégier la retenue comme mode de résolution des conflits.

Un modèle différent, pas inférieur

Ce comportement ne doit pas être jugé à l’aune des normes occidentales. En France ou aux États-Unis, on valorise souvent la réaction immédiate, la défense de ses droits, le “droit de répondre”. En Chine, la priorité est ailleurs : préserver la paix, éviter le scandale, maintenir la cohésion sociale.

Il ne s’agit pas de faiblesse. Il s’agit d’un modèle culturel différent, ancré dans des siècles de philosophie, de gouvernance et de vie collective. Et tant que la société chinoise continuera de valoriser le contrôle de soi, beaucoup d’hommes choisiront d’encaisser — pas par peur, mais par principe.

Karim

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