Notre-Dame-de-Bétharram : la mutation du directeur après 14 ans en poste déclenche des soupçons
Le départ de Romain Clercq, directeur de l’école catholique Notre-Dame-de-Bétharram pendant plus d’une décennie, tombe au moment où le passé sombre de l’institution refait surface. Une coïncidence troublante pour les victimes qui réclament des comptes.
Romain Clercq quitte ses fonctions : une décision officiellement « normale »
Romain Clercq, à la tête de Notre-Dame-de-Bétharram depuis 2011, a été muté après 14 années de direction. L’annonce a été faite par Jean-Marie Ruspil, vicaire régional de la congrégation des Pères de Bétharram, qui a insisté sur le caractère « normal » de cette évolution.
Selon lui, il ne s’agit en aucun cas d’un geste lié aux révélations récentes sur les violences sexuelles et physiques perpétrées dans l’établissement sur plusieurs décennies. Cette mutation serait même une forme de reconnaissance pour son travail. Mais aucune information n’a filtré sur sa future affectation.
Les victimes interrogatives et inquiètes
Le collectif des victimes de Bétharram, qui rassemble plus de 210 plaignants, exprime un sentiment partagé : surprise, confusion et frustration. Dans un communiqué, ils ont fait part de leur « étonnement » face à ce départ soudain, qu’ils jugent difficilement compréhensible dans le contexte actuel.
Ils soulignent également que ni Romain Clercq, ni l’APEL (Association des parents d’élèves) n’a jamais accepté de dialogue avec les anciens élèves concernés. Pourquoi partir maintenant, alors que certains surveillants mis en cause sont restés en poste jusqu’en 2024 ?
Un passé trouble qui refait surface
Fondé en 1837 dans les Pyrénées-Atlantiques, l’établissement, rebaptisé « Le Beau Rameau » en 2009, est au cœur d’un scandale judiciaire majeur. Plus de 200 plaintes ont été déposées, couvrant une période allant de 1957 à 2004 .
Toutefois, seules deux affaires n’ont pas été prescrites. Elles ont conduit à la mise en examen, le 21 février 2025, d’un ancien surveillant accusé de « viol par personne ayant autorité » et « agression sexuelle sur mineur ». Deux autres personnes interpellées en même temps ont bénéficié de la prescription.
Une réponse institutionnelle mal perçue
Pour le Père Laurent Bacho, ex-vicaire régional des bétharramites et responsable de la cellule d’écoute interne, cette mutation n’est pas une sanction mais bien une étape naturelle dans une carrière. Il qualifie même le bilan de Romain Clercq de « très satisfaisant ».
Mais cette justification ne convainc pas les victimes. À leurs yeux, elle ressemble davantage à une tentative de tourner la page sans assumer pleinement les responsabilités passées.