Sauver une vie en 5 lettres : Découvrez les GESTES qui changent tout en santé mentale
Vous sauriez réagir face à une crise cardiaque. Mais savez-vous comment agir quand quelqu’un perd pied mentalement ? Une formatrice certifiée en Premiers Secours en Santé Mentale nous dévoile les gestes simples, mais essentiels, pour identifier la détresse psychique et porter secours avec justesse. Ce que vous allez découvrir pourrait changer une vie — peut-être même la vôtre.
AERER : un acronyme pour sauver une personne en détresse mentale
L’acronyme AERER, mis en avant par les formations de premiers secours en santé mentale, est un guide simple pour intervenir efficacement face à une personne en souffrance psychique. Il signifie Approcher, Évaluer, Réconforter, Encourager et Renseigner. Derrière ces cinq lettres se cachent des étapes concrètes pour apaiser, orienter et surtout ne pas rester passif devant une détresse invisible.
Approcher : oser rompre le silence
Le premier réflexe est aussi le plus difficile : aller vers l’autre. Sans jugement, sans pression. Selon Monia Zédini, formatrice certifiée en PSSM (Premiers Secours en Santé Mentale), il suffit parfois d’une phrase simple : « Tu vas bien ? Je te sens différent. » L’important est de montrer qu’on a remarqué quelque chose, tout en gardant un ton calme et rassurant.
C’est une question d’attitude autant que de mots. Être présent, écouter, et surtout ne pas fuir. Comme le rappelle Monia Zédini, dans une situation tendue, une phrase comme « on n’est pas là pour vous faire du mal » peut suffire à apaiser une personne perdue ou paniquée.
Évaluer : repérer la gravité sans poser de diagnostic
Une fois le contact établi, il faut évaluer si la situation présente un danger immédiat. S’agit-il d’une crise d’anxiété, d’un épisode dépressif profond ou d’une idéation suicidaire ? Il ne s’agit pas de remplacer un professionnel de santé mentale, mais de reconnaître les signaux qui nécessitent une intervention rapide.
Si la personne exprime clairement une envie de mourir, il ne faut ni minimiser ni reporter. Le conseil est clair : restez avec elle, appelez immédiatement le SAMU au 15 ou la ligne nationale de prévention du suicide au 3114, et assurez-lui que vous ne la laissez pas seule.
Poser la question du suicide ? Oui, il faut le faire
Beaucoup hésitent à aborder le sujet, par peur d’enfoncer la personne. Pourtant, selon les experts, c’est exactement ce qu’il faut faire. « Poser la question frontalement libère la parole », explique Monia Zédini. Dire simplement « Est-ce que tu penses au suicide ? » permet d’éviter les non-dits dangereux.
Il n’existe aucune preuve scientifique que cette question incite à passer à l’acte. En revanche, elle permet souvent d’ouvrir un dialogue salvateur et d’agir rapidement si nécessaire.
Écouter : l’art de ne rien dire… mais d’être là
Face à la souffrance psychique, notre instinct est souvent de vouloir consoler, rassurer ou proposer une solution. Mais ce n’est pas toujours ce dont la personne a besoin. Écouter activement, sans jugement ni précipitation, est primordial.
Les silences, les regards, les respirations comptent autant que les mots. Il faut que la personne sente qu’elle est entendue, vraiment. Et certaines phrases, bien qu’inoffensives en apparence, doivent être bannies : « Mais tu n’as pas de raison d’aller mal ! » ou « Tu devrais te secouer ». Elles culpabilisent plutôt qu’elles ne soulagent.
Réconforter : redonner un peu d’espoir sans banaliser
Une fois la personne écoutée, vient le moment de réconforter. Cela ne veut pas dire minimiser, mais plutôt transmettre un message d’espoir : « Ce que tu vis est important. Mais tu n’es pas seul(e). On va trouver une solution. »
L’idée est de rappeler que la souffrance psychique n’est pas une fatalité. Il existe des traitements, des accompagnements, des groupes de soutien. Et même si on ne connaît pas tous les dispositifs, quelques mots bien choisis peuvent faire toute la différence.
Encourager : accompagner vers l’aide sans imposer
Le rôle du secouriste en santé mentale est de guider, jamais d’imposer. Il s’agit d’encourager la personne à consulter un professionnel de santé mentale, sans forcer. Psychologue, psychiatre, centre médico-psychologique, dispositif d’écoute téléphonique… les solutions existent.
Et si la personne refuse ? Ce n’est pas grave. On plante une graine. Elle reviendra peut-être plus tard. L’essentiel est qu’elle sache que quelqu’un est là pour l’aider.
Renseigner : donner les bons outils pour continuer le chemin
Enfin, la dernière étape consiste à fournir des informations utiles pour faciliter l’accès aux soins. Sur le site de PSSM France, on trouve des fiches pratiques, des ressources validées par des experts et des conseils pour accompagner durablement une personne en difficulté.
Des associations comme l’Unafam offrent également un soutien quotidien aux personnes touchées par des troubles psychiques, notamment via des groupes de parole.