L’hommage national à Brigitte Bardot déchire la France
La mort de Brigitte Bardot, dimanche 28 décembre 2025 à Saint-Tropez, ne fait pas que pleurer ses admirateurs. Elle ravive un clivage idéologique profond. Alors qu’Éric Ciotti réclame un hommage national pour “celle qui incarna la liberté, le panache et l’élégance françaises”, la gauche s’insurge avec virulence. Entre admiration artistique et rejet moral, la France se déchire — encore — autour de son ancienne icône.
Pourquoi Éric Ciotti veut un hommage national à Brigitte Bardot
Le président de l’Union de la Droite Républicaine a interpellé Emmanuel Macron dès le lendemain du décès de l’actrice. Selon lui, Brigitte Bardot est bien plus qu’une star de cinéma : elle est la Marianne de la France éternelle. Il la compare à des figures comme Jean-Paul Belmondo ou Michèle Morgan, jugées dignes d’un hommage d’État.
Pour Éric Ciotti, il s’agit de célébrer une icône populaire et patriote, connue dans le monde entier. Il a lancé une pétition en ligne, déjà signée par plus de 8 000 personnes, exigeant un geste fort de la République. “Alors que la gauche déverse sa haine contre BB, le président doit avoir le courage d’agir”, affirme-t-il sans ambages.
La gauche conteste l’hommage : “BB n’est pas digne de la République”
Les réactions de la gauche ne se sont pas faites attendre. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a tenu un langage sans concession : les hommages nationaux sont réservés à celles et ceux ayant rendu des services exceptionnels à la Nation. Et selon lui, Bardot ne remplit pas cette condition.
Il rappelle que l’ancienne vedette a été condamnée à plusieurs reprises pour incitation à la haine raciale. Ses propos contre les musulmans, les Réunionnais ou l’abattage rituel ont marqué les esprits bien au-delà des tribunaux.
D’autres figures de gauche ont renchéri. Sandrine Rousseau (EELV) a ironisé sur le cynisme de défendre les animaux tout en se montrant indifférente aux drames humains. Sarah Legrain (LFI) a été encore plus directe : “Trop raciste pour un hommage des Insoumis.”
Une exception à gauche ? Le silence ambigu du PCF
Seul Fabien Roussel a choisi une voie plus nuancée. Le secrétaire national du PCF a salué “une actrice lumineuse qui a fait rayonner le cinéma français à travers le monde”. Mais il a soigneusement évité de s’exprimer sur le volet politique du legs de Bardot.
Cette prudence résume bien le dilemme actuel : distinguer l’œuvre de l’auteur est-il encore possible quand les deux sont si intimement mêlés ?
La droite et l’extrême droite saluent “la Marianne rebelle”
Dans les rangs de la droite, l’émotion est franche. Marine Le Pen a qualifié Bardot de “femme exceptionnelle, libre, indomptable et profondément française”. Jordan Bardella, lui, a parlé de “la Marianne que le peuple français a tant aimée”.
Il faut dire que BB n’a jamais caché ses affinités politiques. Après avoir soutenu Valéry Giscard d’Estaing en 1974, elle a appuyé Catherine Mégret (FN) en 1997, puis Marine Le Pen en 2014, qu’elle comparait à “Jeanne d’Arc du XXIe siècle”. Ces engagements rapprochent sa mémoire du camp nationaliste — et éloignent toute chance d’un consensus républicain.
L’Élysée face à un dilemme explosif
L’exécutif observe le silence. Un conseiller d’Emmanuel Macron a confié, sous couvert d’anonymat : “Rendre hommage à Brigitte Bardot, c’est risquer de rouvrir toutes les fractures du pays.”
Le vrai débat n’est plus seulement politique. Il est républicain. Peut-on honorer une figure culturelle majeure malgré ses dérapages idéologiques ? Ou la République doit-elle rester intransigeante sur ses valeurs de tolérance et d’égalité ?
La réponse du président, attendue dans les jours à venir, dira beaucoup sur le rôle que la France souhaite accorder à ses icônes — vivantes ou mortes.
