Fin des locations entre particuliers dans les stations de ski ? Ce qui va changer en 2025
Chaque hiver, des milliers de skieurs affluent vers les Alpes ou les Pyrénées, attirés par la neige, les paysages… et des locations entre particuliers souvent plus abordables. Mais un changement majeur menace ce modèle économique qui a fait ses preuves depuis des années. À l’horizon 2034, près de deux tiers des logements de montagne pourraient devenir illégaux à louer — sauf si leurs propriétaires entreprennent des travaux coûteux.
Pourquoi les logements de ski sont-ils dans le viseur ?
Le problème vient du Diagnostic de performance énergétique (DPE). Depuis le 1er janvier 2025, les biens classés G ne peuvent plus être mis en location. Ceux étiquetés F seront interdits à partir de 2028, puis les E en 2034. Or, selon une étude de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), 28 % des logements en station de ski sont déjà en F ou G — soit le double de la moyenne nationale.
Ces bâtiments, souvent construits avant 1974, souffrent d’un mauvais bilan énergétique. Ils sont de véritables passoires thermiques, coûteux à chauffer et nocifs pour l’environnement. Résultat : la loi sur la transition énergétique exige leur rénovation ou leur retrait du marché locatif.
Un sursis pour les locations touristiques
Face à la grogne des propriétaires et des élus de montagne, une exception a été votée : les logements actuellement loués via des plateformes touristiques comme Airbnb bénéficient d’un délai jusqu’en 2034 pour se mettre aux normes, quelle que soit leur étiquette DPE.
Cette mesure, jugée injuste par certains, soulève une question cruciale : pourquoi favoriser les locations saisonnières au détriment des besoins des habitants ?
Le malaise des habitants et des saisonniers
À force de transformer des logements en meublés touristiques, les stations deviennent des villes fantômes hors saison. Les locaux peinent à trouver un toit. Les saisonniers, pourtant essentiels au fonctionnement des domaines skiables, sont souvent contraints de loger à des dizaines de kilomètres, voire de renoncer à ces emplois.
“On marche sur la tête !”, s’insurge Loïc Cantin, président de la Fnaim. “On ne loge pas les Français avec la location courte durée, mais avec la location longue durée.”
Un compromis politique aux conséquences sociales
La députée Annaïg Le Meur, à l’origine de la loi, reconnaît qu’il s’agit d’un “point de compromis”. L’objectif initial était un alignement plus rapide avec les normes énergétiques. Mais sous la pression des territoires de montagne, le gouvernement a accordé un report de conformité énergétique spécifique aux meublés de tourisme.
Pourtant, ce sursis ne résout pas le fond du problème : la pénurie de logements abordables dans les stations. Et tant que les incitations aux travaux de rénovation énergétique resteront insuffisantes, peu de propriétaires s’engageront dans des chantiers onéreux.
Quel avenir pour le ski en France ?
Si rien ne change, le modèle actuel de location saisonnière en station deviendra de plus en plus fragile. Les skieurs risquent de voir leurs coûts de séjour grimper, tandis que les habitants continueront à fuir des zones où le logement devient un luxe.
La solution ? Un équilibre entre écologie, accès au logement et économie touristique. Un équilibre encore loin d’être trouvé.
