Le coup d’arrêt tant attendu : qui vient de mettre un frein aux colis low-cost de Chine ?
Imaginez : un colis arrive dans votre boîte aux lettres. À l’intérieur, un t-shirt à 1,99 €, des écouteurs à 3,50 €, une montre connectée à 6 €. Tout cela, sans TVA, sans contrôle, et surtout, sans égard pour les commerçants locaux. Mais ce modèle, longtemps intouchable, vient de vaciller. Une taxe de 3 euros s’applique désormais à chaque colis en provenance de Chine. Et derrière cette décision, une figure inattendue s’impose comme le garant d’un commerce plus juste.
Une phrase qui marque un tournant historique
« La taxe de 3 euros sur les colis en provenance de Chine notamment marque enfin la fin de l’impunité pour les plateformes qui cassent les prix, détruisent nos commerces et exploitent les failles du marché unique. »
Derrière ces mots sans concession, on retrouve Thierry Breton, le commissaire européen chargé du Marché intérieur. Son intervention, loin d’être rhétorique, traduit une volonté politique claire : rétablir l’équité dans un espace économique devenu une jungle pour les petites entreprises européennes.
Un système obsolète qui profitait aux seuls géants
Depuis 1982, les colis de moins de 22 euros — seuil relevé à 150 euros en 2018 — étaient exemptés de TVA à l’importation dans l’UE. À l’époque, cela visait à simplifier les échanges. Aujourd’hui, ce mécanisme est détourné à grande échelle par des plateformes comme Temu, Shein ou AliExpress, qui fractionnent artificiellement leurs envois pour rester sous ce plafond.
Résultat ? Une distorsion massive de concurrence. Pendant que les boutiques françaises, italiennes ou polonaises paient charges, taxes, normes sociales et environnementales, les géants chinois vendent à perte, subventionnés par des modèles logistiques opaques.
La taxe de 3 euros : symbolique ou structurelle ?
Certains y voient un geste symbolique. D’autres, un premier pas vers une régulation réelle. Ce qui est certain, c’est que cette redevance douanière obligera désormais chaque colis à passer un filtre administratif et fiscal. Elle rendra obsolète la stratégie du « prix zéro » et forcera les plateformes à internaliser une partie des coûts qu’elles externalisaient jusque-là.
Pour les petits commerçants, c’est un espoir de reconquête. Pour les consommateurs, une invitation à repenser leurs achats. Et pour l’Europe, une démonstration qu’elle peut protéger ses valeurs sans se replier.
Vers un e-commerce plus responsable
La mesure, effective depuis le 1er janvier 2025, s’inscrit dans une stratégie plus large : le Digital Fairness Act. Elle sera bientôt complétée par des obligations de transparence sur l’origine des produits, des normes minimales en matière de durabilité et des sanctions pour les plateformes récidivistes.
Comme le rappelle Thierry Breton : « Un marché unique ne peut être uni que s’il est équitable. »
