Scandale à l’Élysée : pendant deux ans, un employé et un gardien du Louvre ont pillé la porcelaine présidentielle
Des tasses, des soucoupes, des assiettes — des objets en apparence ordinaires, mais marqués du sceau de la République. Pendant près de deux ans, plus d’une centaine de pièces de porcelaine de l’Élysée, utilisées lors des dîners d’État les plus prestigieux, ont disparu discrètement des réserves présidentielles. Personne n’a rien vu. Personne n’a rien dit. Jusqu’à ce que les écarts dans les inventaires deviennent trop flagrants pour être ignorés. Ce qui semblait impensable s’est pourtant produit : un vaste réseau de vol interne, orchestré depuis l’intérieur même du palais présidentiel.
Un maître d’hôtel au cœur du système
L’homme au centre de cette affaire est un quadragénaire en poste à l’Élysée en tant que maître d’hôtel et argentier. Chargé de superviser les arts de la table lors des réceptions officielles, il avait un accès légitime aux collections de porcelaine classées au patrimoine national. Ce statut lui a permis de prélever, pièce après pièce, des objets précieux sans éveiller de soupçons.
Selon les éléments de l’enquête, il aurait même falsifié les registres d’inventaire pour masquer les disparitions. Un stratagème d’une audace rare, exécuté dans l’ombre des couloirs les plus surveillés de France.
Complicités au Louvre et à Versailles
Le maître d’hôtel n’agissait pas seul. Son compagnon, antiquaire, et un troisième homme, Ghislain M., gardien de salle au musée du Louvre, sont également mis en cause. Ce dernier, décrit comme un passionné de porcelaine, aurait initié le contact via les réseaux sociaux au début de l’année 2024.
Les échanges entre les trois hommes ont rapidement évolué vers un système organisé : les pièces volées étaient transférées du palais de l’Élysée au domicile du collectionneur à Versailles. Là, elles étaient stockées, certaines pouvant même être destinées à la revente ou à des collections privées.
Une faille au cœur de la République
Le plus troublant dans cette affaire n’est pas seulement l’ampleur du vol, mais la durée pendant laquelle il est resté invisible. Deux années entières, sans que les services de sécurité de l’Élysée ne détectent d’anomalie majeure. Ce n’est qu’après un signalement interne, lié à des écarts répétés dans les stocks, que l’enquête a été lancée.
Les gendarmes de la section de recherche de Paris ont rapidement identifié le maître d’hôtel comme principal suspect. Une perquisition au domicile de Ghislain M. a permis de récupérer une grande partie de la porcelaine volée, évitant une perte irrémédiable du patrimoine national.
Conséquences et procédure en cours
Interpellés le 16 décembre 2025, les trois hommes ont reconnu les faits en garde à vue. Placés sous contrôle judiciaire, ils se sont engagés à restituer l’ensemble des objets encore en leur possession. Le maître d’hôtel a depuis démissionné, tandis que le gardien du Louvre a été suspendu de ses fonctions.
L’affaire, renvoyée au tribunal correctionnel de Paris en février 2026, soulève des questions cruciales sur la sécurité du patrimoine présidentiel et les mécanismes de contrôle interne au sein des institutions les plus symboliques de la République. Même les lieux les plus protégés ne sont pas à l’abri des défaillances humaines.
