Marion Cotillard affiche sa fierté d’être une « sale conne » après les propos de Brigitte Macron
Alors que la polémique enfle autour d’une remarque de Brigitte Macron qualifiant certaines militantes féministes de « sales connes », l’actrice Marion Cotillard a décidé de reprendre cette insulte à son compte — en la retournant en symbole de résistance. Une posture qui marque une évolution notable dans son rapport au féminisme, et qui s’inscrit dans un débat national en pleine effervescence.
Une réaction spontanée, relayée par des centaines de voix
Mardi 9 décembre 2025, Marion Cotillard a partagé sur ses réseaux sociaux un message du collectif féministe #NousToutes, accompagné du hashtag #saleconne. Sur fond noir, une simple phrase : « Je suis une sale conne. » L’actrice précise même, dans une légende, qu’elle est « fière de l’être ». Ce geste rejoint ceux de nombreuses autres femmes, dont Judith Godrèche, figure emblématique du mouvement #MeToo en France.
Ce mouvement spontané a émergé après que Brigitte Macron eut été filmée en coulisses du spectacle d’Ary Abittan, où elle rassurait l’humoriste en disant : « S’il y a des sales connes, on va les foutre dehors. » Une phrase vite devenue virale — et très critiquée.
Contexte d’une tension sociale grandissante
La scène avait été précédée, la veille, par une interruption du spectacle d’Ary Abittan à Paris. Quatre militantes portant des masques à l’effigie de l’humoriste, marqués du mot « violeur », avaient interrompu la représentation pour dénoncer les accusations de viol qui pèsent sur lui. Bien qu’un non-lieu ait été prononcé en janvier 2025 après trois ans d’enquête, le retour sur scène de l’artiste reste fortement contesté par des groupes féministes.
Brigitte Macron, en assistant à la représentation du lendemain, a manifesté son soutien à Ary Abittan. Son entourage a depuis précisé que ses propos visaient non les féministes en tant que telles, mais « la méthode radicale employée par ceux qui ont perturbé, masqués, le spectacle ».
Marion Cotillard, d’une posture distante à un engagement assumé
Cette prise de position de Marion Cotillard surprend certains observateurs. En 2015, l’actrice, oscarisée pour son rôle dans La Môme, affirmait dans les colonnes du magazine Porter qu’elle n’était « pas féministe », craignant que ce terme « sépare les hommes et les femmes ». Aujourd’hui, son geste semble refléter une évolution sincère — ou du moins une adaptation à un climat social où le féminisme ne se négocie plus.
Le collectif Les Tricoteuses hystériques, né après les viols de Mazan, a d’ores et déjà annoncé son intention de porter plainte suite aux propos de la première dame. Ce nouveau front juridique pourrait cristalliser davantage les tensions entre institutions et mouvements féministes.
Un mot devenu emblème : pourquoi « sale conne » fait débat
Loin d’être une simple insulte, l’expression « sale conne » est devenue un mot-clé dans la rhétorique contemporaine autour du féminisme de confrontation. En le reprenant avec fierté, des femmes comme Cotillard ou Godrèche redéfinissent son sens : il ne s’agit plus d’une humiliation, mais d’un acte de résistance contre une culture qui tente de les faire taire.
Le débat soulève aussi des questions plus larges : jusqu’où peut-on aller dans la contestation publique ? Quel rôle les personnalités publiques doivent-elles jouer face à des affaires sensibles ? Et surtout, comment concilier liberté d’expression artistique et droit à la sécurité des femmes ?
