Bravo, vous avez perdu le droit d’être parent dès que vous sortez de chez vous
Il suffit désormais d’un TGV, d’un enfant turbulent et d’un soupir un peu trop audible pour que votre rôle de parent soit révoqué sur-le-champ. Samedi dernier, une mère de 42 ans a appris à ses dépens qu’en France, en 2025, élever un enfant ne se fait plus en liberté, mais sous surveillance — idéalement sans témoins, sans caméras, et sans émotions.
Le nouvel article 1 du code de la parentalité : « Ne jamais corriger en public »
Le scénario est classique : un petit garçon de 6 ans, surexcité par le voyage, renverse sa boisson. Rien de grave. Sauf que sa mère, dans un moment de lassitude humaine, réagit — avec fermeté, certes, mais sans sadisme. Résultat ? Elle se retrouve en garde à vue, accusée de violences volontaires par ascendant, tandis que l’enfant est confié à l’aide sociale à l’enfance comme s’il venait d’échapper à un camp de rééducation.
Ce qui choque, ici, ce n’est pas la colère maternelle. C’est qu’elle ait osé la montrer. Car dans notre société, l’idéal parental est clair : sourire en toutes circonstances, appliquer la bienveillance comme une doctrine religieuse, et surtout… ne jamais laisser transparaître la moindre frustration. Même quand votre fils transforme le siège SNCF en piste de karting.
Le tribunal populaire des wagons
Les vrais juges, ce week-end-là, n’étaient pas au palais de justice, mais dans le wagon 6 du TGV Lille-Nîmes. Voyageurs indignés, regards réprobateurs, appels discrets au 3117 : chacun s’est soudain senti investi d’une mission sacrée — sauver un enfant… de sa propre mère. Personne n’a demandé si elle dormait depuis trois nuits. Personne n’a pensé qu’elle pouvait être en surcharge émotionnelle. Non. Le moindre geste ferme est désormais suspect.
Connue des services de police ? Bien sûr… comme 30 % des parents célibataires !
On nous précise qu’elle « était déjà connue des services de police ». Et alors ? Être fichée pour une dispute de voisinage, un impayé de cantine ou une convocation pour absentéisme scolaire ne fait pas de vous un monstre. Mais dans la narration médiatique actuelle, ce détail suffit à sceller votre sort : une fois « profilée », vous n’êtes plus une mère fatiguée. Vous êtes une menace pour la sécurité de l’enfant.
Et pendant ce temps, l’enfant devient un cas social
Placé en foyer, examiné par des psys, interrogé sur « ses ressentis » : voilà le sort de celui qui, quelques heures plus tôt, ne faisait que jouer un peu trop fort. Personne ne s’interroge sur les séquelles de ce déracinement brutal. Non, l’urgence, c’est de punir l’adulte qui a osé exercer — maladroitement — son autorité parentale.
Prochaine étape : l’éducation sous licence
À ce rythme, il faudra bientôt un permis pour élever un enfant. Une formation certifiée, des micros dans le salon, et un bouton « pause » à actionner dès que l’émotion monte. En attendant, chaque parent devrait porter un écriteau : « Je suis bienveillant, je ne crie jamais, et je n’ai jamais eu envie de cacher mes enfants cinq minutes dans le placard à balais. »
Car oui — en France de 2025, l’amour ne suffit plus. Il faut aussi une conduite irréprochable… et une audience indulgente.
