Fonction publique en alerte : trois jours de carence sur les arrêts maladie adoptés au Sénat
Pourquoi cette mesure maintenant ?

Portée par la majorité sénatoriale — une coalition de la droite et du centre — l’amendement s’appuie sur un constat chiffré : en 2022, les agents publics se sont absentés en moyenne 14,5 jours par an pour raison médicale, contre 11,7 jours dans le privé. « Ce n’est pas une question de suspicion, mais d’équité », a souligné le sénateur Pierre-Jean Rochette. « Être malade est malheureux, mais le traitement doit être identique, qu’on travaille pour l’État ou une entreprise. »
Le gouvernement tempère : « L’écart d’absentéisme a fondu »
Pourtant, le gouvernement conteste cette analyse. David Amiel, ministre délégué chargé de la Fonction publique, rappelle que l’écart d’absentéisme entre les deux secteurs « a été divisé par six » ces dernières années. « Nous sommes aujourd’hui quasiment au même niveau », affirme-t-il.
Surtout, il met en lumière une asymétrie majeure : dans le privé, 70 % des salariés bénéficient d’une couverture salariale partielle ou totale pour les trois premiers jours d’arrêt, grâce à des accords d’entreprise ou à des assurances collectives. Rien de tel dans la fonction publique, où chaque jour non indemnisé pèse directement sur le budget du foyer.
Un deuxième coup de frein : moitié moins de remplacements
Cette mesure ne vient pas seule. Le Sénat a également adopté un amendement prévoyant le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Objectif affiché : réduire la masse salariale de l’État. Mais conséquence redoutée : une dégradation accrue des services publics, déjà sous tension dans l’éducation, la santé ou les collectivités locales.
Et maintenant ?
Le texte doit encore être examiné par l’Assemblée nationale, où la majorité présidentielle pourrait tenter de modérer — voire de supprimer — ces dispositions. En attendant, des millions d’agents publics se posent une question simple : pourquoi payer le prix fort pour un « alignement » qui ignore la réalité de leur protection sociale ?
Car derrière le vocabulaire technique du budget 2026, c’est bien une question de justice sociale qui se joue.
