Financement du RN : une plainte accuse Jordan Bardella de détournement de fonds européens pour la présidentielle 2022
Des fonds européens détournés vers la scène nationale ?
Selon la plainte transmise au Parquet national financier (PNF), les enveloppes budgétaires attribuées aux élus européens auraient été utilisées « à des fins étrangères à leur attribution légale ». Le formateur, recruté dans le cadre d’un dispositif parlementaire, ne se serait pas contenté d’enseigner les rouages de la communication européenne.
Dès septembre 2021, révèle le Canard Enchaîné, ses séances portaient exclusivement sur la préparation médiatique de Bardella en vue de l’élection présidentielle française de 2022. Un usage qui, s’il est avéré, constituerait un détournement caractérisé de subventions publiques.
Un schéma répétitif, selon les lanceurs d’alerte
Pour Me Jérôme Karsenti, avocat d’AC !! Anticorruption, cette affaire ne relève pas de l’erreur administrative. Elle s’inscrit, selon lui, dans une « stratégie systémique » visant à « capter l’argent public partout où il est accessible », au détriment des règles du jeu démocratique.
Le parti serait ainsi accusé de brouiller délibérément les lignes entre activités parlementaires légitimes et opérations de campagne électorale — une pratique qui fausse la concurrence entre les formations politiques.
Le spectre des affaires passées plane sur le RN
Cette plainte fait écho à d’autres dossiers en cours. La condamnation en première instance de Marine Le Pen dans l’affaire des assistants parlementaires fictifs — assortie d’une peine d’inéligibilité de cinq ans — sera examinée en appel dès janvier 2026.
4,3 millions d’euros sous surveillance européenne
En juillet 2025, le parquet européen a ouvert une enquête approfondie sur l’ancien groupe Identité et Démocratie, auquel le RN appartenait. Celui-ci est soupçonné d’avoir dépensé plus de 4,3 millions d’euros de fonds parlementaires à des fins non conformes entre 2019 et 2024.
Une demande de traitement global des irrégularités
AC !! Anticorruption appelle désormais les autorités judiciaires françaises et européennes à ne pas traiter ces affaires de manière isolée. « Il faut analyser ces pratiques comme un ensemble coordonné », plaide l’association, qui dénonce un « pillage sans vergogne des ressources publiques au service d’une hégémonie politique ».
Si les soupçons se confirment, les conséquences pourraient dépasser le seul cadre judiciaire : elles toucheraient à la légitimité même du financement partisan dans un système démocratique.
