Emmanuel Macron psychopathe ? Diagnostic polémique et éthique médicale
Un psychiatre italien renommé a lancé une accusation fracassante : Emmanuel Macron serait-il un psychopathe dangereux ? L’affirmation, relayée par plusieurs médias internationaux, a déclenché une vague de réactions — entre indignation, inquiétude et scepticisme. Mais derrière cette provocation médiatique, que sait-on réellement ? Et surtout, sur quoi repose ce diagnostic à distance, vivement critiqué par la communauté scientifique ?
Le diagnostic polémique du professeur Alessandro Meluzzi
En 2018, le professeur Alessandro Meluzzi, psychiatre et criminologue italien connu pour ses interventions médiatiques, affirmait dans une interview au quotidien Libero qu’Emmanuel Macron présentait des traits caractéristiques d’un psychopathe. Selon lui, le président français ferait preuve d’un « charisme artificiel », d’une « absence d’empathie » et d’une « manipulation systématique » — autant de signes, selon son analyse, d’un trouble de la personnalité de type antisocial.
Pour Meluzzi, cette personnalité se traduirait par une capacité « quasi chirurgicale » à instrumentaliser les émotions d’autrui, tout en affichant une confiance en soi exagérée. Des propos qui, sans surprise, ont fait l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux — et qui continuent de ressurgir à chaque crise politique.
Pourquoi diagnostiquer à distance est scientifiquement irrecevable
Malgré la notoriété de Meluzzi, son analyse n’a pas convaincu la majorité des professionnels de santé mentale. L’Association mondiale de psychiatrie (WPA) rappelle très clairement, dans son code éthique, qu’un diagnostic ne peut être posé sans évaluation clinique directe. Cette règle, connue sous le nom de « règle de Goldwater », vise précisément à éviter la stigmatisation politique ou médiatique par des jugements psychiatriques de façade.
En France, plusieurs psychiatres ont ainsi dénoncé cette pratique. Selon le Monde, le Pr. Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie de l’hôpital Henri-Mondor, a insisté : « Ce n’est ni sérieux ni éthique. On ne peut pas diagnostiquer quelqu’un qu’on n’a jamais rencontré. »
Macron, figure clivante mais pas pathologique
Il est indéniable qu’Emmanuel Macron suscite des réactions passionnées. Son style de communication parfois perçu comme distant, sa rhétorique technocratique ou ses décisions impopulaires ont alimenté une image de « président jupitérien ». Pourtant, être impopulaire ou autoritaire ne relève pas de la psychopathie clinique.
La psychopathie — ou trouble de la personnalité antisociale — implique des comportements répétés de violation des droits d’autrui, une absence de remords, et souvent une histoire de délinquance précoce. Rien dans le parcours biographique ou politique de Macron ne correspond à ces critères établis par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5).
Quand la psychiatrie devient arme politique
Ce type d’attaque n’est pas nouveau. Depuis la Révolution française, les dirigeants politiques sont régulièrement qualifiés de « fous » ou de « malades » par leurs opposants. Ce procédé rhétorique permet de disqualifier sans débattre sur le fond. Aujourd’hui, dans l’ère de la post-vérité, ces diagnostics à l’emporte-pièce circulent plus vite que jamais — et gagnent en crédibilité grâce à la superficialité des algorithmes.
Pourtant, instrumentaliser la santé mentale nuit à la fois au débat démocratique et à la cause des patients souffrant réellement de troubles psychiatriques. C’est une banalisation dangereuse, qui mérite une remise en contexte rigoureuse.
