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« Qui devrait être reconnaissant ? » : le débat brûlant entre Éric Zemmour et un imam sur l’héritage colonial

Quand l’histoire coloniale ressurgit dans un échange tendu sur les réseaux sociaux, les mots deviennent des armes. Récemment, un vif débat entre Éric Zemmour, figure de Reconquête, et Ismael, un imam marseillais, a relancé une controverse vieille de plus de 60 ans : quelle dette, morale ou matérielle, lie encore la France et l’Algérie ?

Le déclencheur : une métaphore sur l’indépendance algérienne

Tout a commencé avec une déclaration de Sarah Knafo sur une chaîne d’information. Elle a comparé les relations franco-algériennes à un divorce : « On a divorcé avec l’Algérie en 1962. Mais la France a eu la garde des enfants… Et elle continue de verser une pension alimentaire. » Une formule percutante, mais rapidement jugée réductrice.

L’imam Ismael a répliqué aussitôt : « L’Algérie ne s’est pas séparée de la France par divorce. Elle s’est libérée après 132 ans d’occupation coloniale, de spoliation et de massacres. » Pour lui, la colonisation française en Algérie a laissé une empreinte destructrice, économique et humaine, dont les conséquences perdurent.

Éric Zemmour contre-attaque sur le terrain historique

Éric Zemmour est entré dans la conversation avec une longue réponse, affirmant que l’armée française n’a jamais été vaincue militairement en Algérie. Selon lui, c’est Charles de Gaulle qui a choisi de « lâcher » l’Algérie française, non par défaite, mais par calcul politique. Il a cité la célèbre formule attribuée au général : « Je ne veux pas que mon village devienne Colombey-les-Deux-Mosquées. »

Le président de Reconquête a ensuite nié l’idée d’un pillage colonial. « On ne pille pas des marécages et des étangs », a-t-il écrit, minimisant la richesse du territoire algérien avant 1830. Il a insisté sur le rôle de la France dans la découverte du pétrole et du gaz en Algérie, ressources qui financent encore aujourd’hui l’économie algérienne. « Qui devrait être reconnaissant ? », a-t-il lancé, inversant la charge morale.

Une querelle de mémoire, pas seulement d’histoire

Pour Ismael, cette vision efface délibérément la réalité de la colonisation. Il rappelle que l’Algérie précoloniale possédait une économie agraire, artisanale et maritime florissante. La spoliation foncière, l’exploitation des ressources naturelles et la répression des soulèvements ont, selon lui, façonné une dépendance structurelle — non une générosité française.

Il conteste aussi la paternité française sur la découverte du pétrole algérien, affirmant que la France a seulement exploité des richesses locales. Surtout, il dénonce la métaphore de Zemmour sur la nationalité : « Un aigle né dans une écurie ne devient pas un cheval. » Pour l’imam, cette image n’est pas juridique — elle est raciale. « Un enfant né en France peut devenir Français. C’est la loi. Votre refus révèle un malaise avec la France républicaine multiculturelle », écrit-il.

Pourquoi ce débat revient-il aujourd’hui ?

Ce clash survient dans un contexte politique tendu. Trois jours avant cet échange, l’Assemblée nationale a adopté, à une voix près, une proposition du Rassemblement National visant à dénoncer les accords franco-algériens de 1968. Ces textes régulent encore aujourd’hui les flux migratoires, les aides sociales et la coopération entre les deux pays.

Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez, a alors affirmé qu’il ne fallait pas entrer en « bras de fer » avec l’Algérie. Une position jugée trop conciliante par la droite nationaliste, qui voit dans ces accords un héritage injustifié de la décolonisation.

Le débat dépasse donc l’histoire. Il interroge l’identité nationale, la mémoire collective, et la place des descendants de l’immigration algérienne dans la société française. Il touche aussi à des questions très concrètes : aide au développement, coopération bilatérale, et politique migratoire.

Un sujet sensible, mais incontournable

Les échanges entre Éric Zemmour et l’imam Ismael montrent à quel point la colonisation de l’Algérie reste un sujet vif, émotionnellement chargé, et politiquement exploité. Pour certains, il s’agit de tourner la page. Pour d’autres, de reconnaître une dette historique jamais honorée.

Quoi qu’il en soit, ce débat révèle une fracture profonde dans la manière de raconter le passé — et de construire l’avenir.

Karim

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