Découverts bancaires : nouvelles règles dès novembre 2026
Un nouveau cadre strict pour les découverts
Jusqu’ici toléré dans une zone grise, le découvert va désormais être traité comme n’importe quel autre prêt. Les banques devront afficher clairement le coût du découvert, le TAEG (taux annuel effectif global) et les modalités de remboursement. Plus de flou : tout devra être transparent, lisible, comparable.
Et surtout, pour tout découvert dépassant 200 euros, les établissements devront vérifier la solvabilité du client. Revenus, charges, historique bancaire… rien ne sera laissé au hasard.
Fin des autorisations automatiques
Adieu les autorisations de découvert automatiques. Désormais, chaque demande devra être étudiée cas par cas. Le client devra solliciter expressément sa banque — plus question de basculer discrètement en négatif sans en avoir discuté.
Cette réforme, issue de la transposition d’une directive européenne, vise à protéger les consommateurs contre les pièges du surendettement. Mais elle soulève aussi des inquiétudes : et si elle creusait davantage les inégalités ?
Un risque d’exclusion pour les ménages modestes ?
Selon l’Observatoire des inégalités, un quart des salariés perçoivent moins de 1 750 euros nets par mois. Pour eux, le découvert est parfois la seule solution pour faire face à un imprévu — une facture, une panne, un retard de salaire.
Avec ces nouvelles règles, ces ménages pourraient se retrouver privés d’une marge de manœuvre essentielle. La Banque de France rassure : les découverts existants ne seront pas remis en cause. Seules les nouvelles autorisations seront soumises au nouveau régime.
Un crédit flou devient un produit encadré
L’objectif est clair : transformer le découvert en un produit financier sécurisé, comparable à un prêt classique. Moins de facilités, certes, mais plus de clarté, de transparence, et surtout, de protection.
Pour les banques, c’est une charge administrative accrue. Pour les clients, c’est une perte de spontanéité… mais peut-être aussi une meilleure maîtrise de leurs finances.
Et concrètement, ça change quoi ? Un exemple chiffré
Aujourd’hui, Léa, étudiante en alternance avec un salaire de 1 500 € nets/mois, utilise régulièrement un découvert de 250 € pour lisser ses dépenses entre deux paies. Sa banque le lui accorde sans formalité, et elle paie en moyenne 10 à 12 € de frais mensuels — sans jamais voir le TAEG affiché ni connaître la durée maximale autorisée. En 2026, cette souplesse disparaît. Pour obtenir ces 250 €, Léa devra justifier de sa solvabilité : la banque examinera ses revenus, ses 900 € de charges (loyer, téléphone, transport), et son historique de paiements. Si elle a eu un rejet de prélèvement dans les 12 derniers mois, sa demande pourra être refusée. En cas d’acceptation, elle recevra une offre avec un TAEG fixe de 15,8 %, un coût total de 13,20 € pour un mois, et une durée strictement limitée à 60 jours. Passé ce délai, des pénalités de 32 € s’ajouteront — et le découvert deviendra un incident de paiement déclaré à la Banque de France.
Fin de la zone grise
Longtemps traité comme un service secondaire, voire informel, le découvert va désormais entrer dans le giron réglementaire. La Banque de France l’a confirmé : chaque autorisation dépassant 200 euros devra être justifiée par une analyse complète de la situation financière du client.
Revenus, dépenses fixes, historique de remboursement… rien ne sera laissé au hasard. Et surtout, les banques devront afficher clairement le coût du découvert, le TAEG, et la durée maximale d’utilisation — exactement comme pour un prêt auto ou un crédit renouvelable.
Plus d’autorisation automatique
Les autorisations de découvert automatiques, souvent accordées sans discussion, disparaîtront progressivement. Désormais, chaque demande devra être formulée explicitement par le client, puis examinée par l’établissement.
Ce changement vise à éviter les situations de surendettement silencieux, où des clients basculent sans le savoir dans des frais exorbitants. Mais il pose aussi une question sociale : que deviendront les ménages modestes, pour qui le découvert est parfois la seule solution face à un imprévu ?
Un risque de fracture financière ?
Avec un quart des salariés percevant moins de 1 750 euros nets par mois, selon l’Observatoire des inégalités, cette réforme pourrait priver une partie de la population d’un outil essentiel de gestion au quotidien.
La Banque de France tient à rassurer : les découverts déjà en cours ne seront pas remis en cause. Seules les nouvelles demandes seront soumises au nouveau cadre. L’objectif n’est pas de punir, mais de sécuriser.
