Erreur à l’antenne : Léa Salamé mêle tragiquement Samuel Paty et un enseignant vivant
Un lapsus lourd de conséquences a secoué le journal de 20 heures de France 2. En présentant un reportage sur un enseignant récemment mis en cause pour avoir montré des caricatures de Charlie Hebdo, Léa Salamé a évoqué le nom de Samuel Paty — affirmant à tort qu’il avait été tué dans des circonstances similaires. Or, le professeur assassiné en 2020 n’a aucun lien avec cette affaire récente. La confusion, immédiatement relevée par des milliers de téléspectateurs, a conduit la rédaction à présenter publiquement ses excuses.
🇫🇷 FLASH | Nouvelle erreur de Léa Salamé au JT de 20H, hier soir. La journaliste a confondu Dominique Bernard avec Samuel Paty, en affirmant deux ans après sa mort qu’il avait été tué « après avoir montré des caricatures de Charlie Hebdo ».
👉 La rédaction a présenté ses… pic.twitter.com/fa1aOkSLh9
— Cerfia (@CerfiaFR) October 14, 2025
Une erreur factuelle aux résonances émotionnelles
L’incident s’est produit dans un sujet consacré à Dominique Bernard, enseignant en poste dans une cité éducative, récemment suspendu après avoir projeté en classe des dessins satiriques. En introduction, Léa Salamé a déclaré : « Comme Samuel Paty, il a été tué après avoir montré des caricatures… » — une phrase aussitôt reconnue comme fausse, puisque Dominique Bernard est vivant, et que Samuel Paty a été assassiné il y a près de cinq ans.
Le parallèle, même involontaire, a heurté. Car Samuel Paty n’est pas seulement une victime du terrorisme : il est devenu un symbole de la République, de la liberté d’enseigner et du courage civique. Évoquer son nom à la légère, ou pire, l’associer à une situation factuellement distincte, revient à brouiller la mémoire collective.
Des excuses rapides, mais un débat plus large
Moins d’une heure après la diffusion, France Télévisions a publié un communiqué : « Nous reconnaissons l’erreur commise et présentons nos excuses les plus sincères à la famille de Samuel Paty, à Dominique Bernard, ainsi qu’à tous nos téléspectateurs. » La version corrigée a été mise en ligne sur les plateformes de replay.
Pourtant, l’incident dépasse le simple « lapsus ». Il interroge la pression temporelle subie par les journalistes en direct, la vérification des scripts en amont, et surtout la manière dont les médias traitent les sujets liés au terrorisme, à l’école et à la mémoire des victimes.
Pourquoi chaque détail compte
Depuis l’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre 2020, chaque évocation de son nom est scrutée. Et pour cause : son meurtre a marqué un tournant dans le rapport à la liberté d’expression en France. Confondre son cas avec une affaire administrative récente, même par inadvertance, risque de banaliser la gravité de ce qu’il a subi.
Comme le rappelle régulièrement le Conseil supérieur de l’audiovisuel, l’information en télévision publique doit respecter des normes strictes d’exactitude, de dignité et de mémoire. Surtout lorsqu’il s’agit de victimes d’actes terroristes.
Et maintenant ?
Cet épisode pourrait conduire à un renforcement des procédures de relecture avant diffusion, notamment sur les sujets sensibles. Il souligne aussi un paradoxe contemporain : à l’ère de l’information instantanée, la moindre erreur devient virale — et ses conséquences, durables.