Un détenu indemnisé pour sa console abîmée : justice ou dérapage ?
« C’est un sketch ! » : un détenu obtient réparation pour sa console de jeu abîmée
Le 9 septembre 2025, le tribunal administratif d’Orléans a rendu une décision qui fait parler : il a condamné l’État français à indemniser un détenu dont la console de jeux vidéo a été endommagée lors d’un transfert carcéral. Derrière ce qui ressemble à une anecdote insolite se cache une question de principe — et un rappel fondamental du droit applicable à tous, y compris derrière les murs d’une prison.
Que s’est-il réellement passé ?
Le 23 août 2022, un détenu est transféré du centre de détention de Châteaudun vers celui d’Orléans-Saran. À son arrivée, il constate que son disque dur est inutilisable et que sa manette a disparu. Il dépose alors une réclamation officielle, puis saisit la justice administrative.
Le tribunal reconnaît que les biens personnels du détenu ont été détériorés pendant le transfert sous la responsabilité de l’administration pénitentiaire. Conséquence : l’État est condamné à verser une indemnisation de 200 euros, bien que le montant réclamé initialement fût plus élevé.
Pourquoi une console en prison ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les consoles de jeux vidéo sont autorisées dans certains établissements pénitentiaires français. Elles doivent être achetées par les détenus eux-mêmes, via un catalogue officiel validé par le ministère de la Justice, et sont strictement déconnectées d’Internet.
Ces équipements ne sont pas un luxe, mais un outil de maintien de l’équilibre psychologique. Dans un environnement marqué par l’isolement, l’ennui et la tension, les activités ludiques contribuent à réduire les risques de violence et favorisent la réinsertion sociale.
Un bien personnel, même en détention
La décision du tribunal repose sur un principe simple : un détenu reste propriétaire de ses effets personnels. L’administration pénitentiaire a l’obligation de les protéger pendant les transferts ou les fouilles. Négliger cette responsabilité engage la responsabilité de l’État, comme dans n’importe quelle autre situation administrative.
Justice ou dérapage ? Le débat public
Sur les réseaux sociaux, la réaction a été immédiate. « C’est un sketch ! », s’exclament certains, choqués qu’un prisonnier soit indemnisé pour une manette de jeu. D’autres y voient au contraire la preuve que la République applique ses lois à tous, sans exception.
Cette affaire soulève une question plus large : comment concilier sécurité carcérale, dignité humaine et respect des biens individuels ? La réponse du tribunal est claire : même privé de liberté, un individu conserve des droits fondamentaux.
Et après ?
Cette condamnation ne changera pas le système pénitentiaire du jour au lendemain. Mais elle rappelle que la gestion des biens des détenus doit être prise au sérieux — non par générosité, mais par obligation légale. Et que derrière chaque objet, il y a parfois bien plus qu’un simple divertissement : un lien avec le monde extérieur, un refuge mental, une forme de normalité.