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Urgence : faut-il vraiment en finir avec le bac+5 en France ?

Le master ne vaut plus rien. Les jeunes diplômés peinent à trouver un emploi. Et pendant ce temps, les métiers manuels crient famine. Alors que le nombre d’étudiants a triplé depuis 1980, la question brûle les lèvres des experts : et si la solution, c’était de raccourcir les études ?

Pourquoi cette polémique éclate maintenant ?

Le débat n’est pas nouveau, mais il prend une ampleur inédite. Des voix de plus en plus nombreuses — économistes, sociologues, observateurs — s’élèvent pour dire la même chose : le bac+5 est en surproduction. Et cette inflation menace à la fois les jeunes, le marché du travail, et les finances publiques.

Les chiffres qui font mal

Entre 1998 et aujourd’hui, le taux de chômage des diplômés bac+5 est passé de 5 % à 12 %. En 20 ans, le nombre de chômeurs diplômés du supérieur a été multiplié par 2,5 — de 186 000 à 460 000.

Pourtant, 75 % des diplômés de master trouvent un emploi… 18 mois après la fin de leurs études. Un délai qui cache souvent des périodes de précarité, de stages non rémunérés, ou de petits boulots loin de leur formation.

Julien Damon, sociologue, le martèle : “Moins d’étudiants, c’est plus d’actifs. Et moins de frustration.”

Le diplôme, un signal… pas une compétence ?

L’économiste américain Bryan Caplan est cité à juste titre : selon lui, l’université sert surtout de “filtre” pour les employeurs. Pas tant pour transmettre des savoirs, que pour trier les candidats.

Résultat ? Des jeunes accumulent les diplômes… sans expérience concrète. Et se heurtent à une cruelle réalité : “Vous avez tout sur le papier… mais vous n’avez rien fait”, leur lance-t-on en entretien.

Le travail manuel, grand oublié du système

Pendant que les amphis se remplissent, les ateliers se vident.

Périco Légasse ne mâche pas ses mots : “On dévalorise le travail manuel. On pousse tout le monde vers la fac, comme si c’était la seule voie digne.” Erreur. Les métiers de l’artisanat, du bâtiment, de la maintenance, manquent cruellement de bras. Et paient souvent mieux — et plus vite — qu’un premier poste en master de sociologie.

Des compétences en chute libre ?

L’économiste Pierre Rondeau va plus loin : “Le niveau est en chute libre. Une étude de l’OCDE révèle qu’un diplômé sur dix a le niveau d’écriture… d’un écolier en primaire.”

C’est là le cœur du problème : ce n’est pas seulement le diplôme qui perd de sa valeur. C’est aussi la qualité de la formation. Trop d’étudiants, trop peu d’encadrement, des cursus déconnectés du terrain.

Et si on raccourcissait tout ?

Julien Damon propose une réforme radicale : limiter la plupart des études supérieures à 2 ou 3 ans. Sauf pour les filières exigeantes — médecine, ingénierie, sciences fondamentales.

Les avantages ? Trois :

Des jeunes qui entrent plus tôt dans la vie active
Moins de dépenses publiques pour l’enseignement supérieur
Un rééquilibrage vers les métiers en tension — manuels, techniques, artisanaux

Et les employeurs, qu’en pensent-ils ?

Ils veulent de l’expérience. Pas des CV surchargés de diplômes. L’alternance est plébiscitée… jusqu’au moment où le jeune diplômé se présente en entretien. Là, on lui reproche “de n’avoir rien fait”.

C’est le paradoxe français : on exige de tout faire… sans jamais rien valider.

Conclusion : entre idéal et réalité

Le rêve d’une société ultra-diplômée s’effrite. Non pas parce que le savoir n’a plus de valeur — mais parce que le système s’est embourbé dans ses propres contradictions.

Former davantage, oui. Mais former utile. Former vite. Former pour le réel.

Sinon, demain, on aura des millions de diplômés… et personne pour réparer nos toits, entretenir nos réseaux, ou construire nos maisons.

Karim

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