Alphonse, 75 ans, et le flacon impossible
Alphonse, 75 ans, se présente chez son médecin pour une analyse de sperme. Rien d’exceptionnel, sauf peut-être l’âge — mais bon, la vie continue, les examens aussi. Le docteur lui tend un petit flacon en plastique, transparent, ordinaire. « Ramenez-moi ça demain matin », dit-il, avec ce ton neutre qu’ont les médecins quand ils veulent éviter tout malaise.
Le lendemain, Alphonse revient. Il tend le flacon.
Propre. Sec. Vide.
Comme s’il sortait du lave-vaisselle.
Le médecin lève un sourcil.
— Monsieur Alphonse… c’est vide. Vous n’avez rien produit ?
— Ben si, docteur ! J’ai tout essayé !
Et là, il commence. Calmement, comme s’il racontait sa recette de daube.

— J’ai commencé avec la main droite. Rien. La gauche ? Même résultat. Alors, j’ai demandé à ma femme. Elle a fait ce qu’elle a pu. Droite, gauche, rien n’y fait. En désespoir de cause, elle a pris le flacon avec la bouche. Avec les dents, sans les dents… Rien à faire. Le bouchon ne cède pas.
Le médecin écoute, stoïque. Mais son regard commence à trahir un certain malaise.
— À ce stade, on a pensé à la voisine. Une jeune, dynamique, pleine de vigueur. Elle a tout testé : les deux mains, la bouche, les dents serrées, les dents relâchées… Rien. Le flacon, docteur, il est foutu. Hermetically sealed, comme disent les Américains.
Le médecin, choqué, blême, l’interrompt net :
— Vous avez… demandé à la voisine ?! Vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ?!
Alphonse le regarde, sincère, un peu blessé.
— Ben oui, docteur. On a tout essayé. Et on n’a toujours pas réussi à ouvrir ce p***tain de flacon !