Une vidéo montre-t-elle vraiment des gendarmes décasqués en soutien aux agriculteurs ?
Une vidéo circule, troublante. On y voit des gendarmes, visage à découvert, échangeant calmement avec des agriculteurs en colère. Certains internautes y voient la preuve d’un soutien tacite des forces de l’ordre à la cause agricole. D’autres parlent de manipulation. Le 15 décembre 2025, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a réagi sans ambivalence : « C’est un fake. » Mais que montre réellement cette séquence, et pourquoi suscite-t-elle autant de réactions ?
Pourquoi cette vidéo fait polémique
Gendarmes décasqués en soutien aux agriculteurs : «C'est un fake (…). Les gendarmes comme les policiers sont de grands professionnels, quand ils ont une mission, ils l'accomplissent», assure Laurent Nuñez, ministre de l'Intérieur pic.twitter.com/kC34wuhzKf
— CNEWS (@CNEWS) December 15, 2025
En cette fin d’année 2025, le climat est tendu dans les campagnes françaises. Entre les abattages sanitaires imposés, les vols de cultures de CBD et les pressions réglementaires, de nombreux agriculteurs se sentent trahis. Dans ce contexte, toute image suggérant une solidarité des gendarmes devient virale. La vidéo en question, partagée des dizaines de milliers de fois, semble montrer des militaires en tenue mais sans casque, discutant avec des éleveurs — parfois avec un sourire.
Est-ce un signe de complicité ? Ou simplement un moment de calme dans une intervention de routine ? La nuance compte, mais elle disparaît souvent dans la viralité.
La réponse officielle : fermeté et rappel à l’ordre
« Les gendarmes comme les policiers sont de grands professionnels, quand ils ont une mission, ils l’accomplissent », a affirmé Laurent Nuñez. Selon lui, aucune vidéo authentique ne prouve qu’un agent en service a exprimé un soutien partisan. Ce que certains interprètent comme de la solidarité n’est, selon le ministère, qu’un respect du dialogue de proximité — une pratique encadrée, non une prise de position.
Le ministre insiste : toute diffusion d’images tronquées ou décontextualisées nuit à la cohésion des forces de l’ordre et à la confiance du public.
Ce que la vidéo cache (ou révèle)
À Lamagistère (Tarn-et-Garonne), des gendarmes ont effectivement aidé un agriculteur à interpeller des voleurs de plants de chanvre. À Bordes-sur-Arize (Ariège), lors des opérations liées à la dermatose bovine, des échanges tendus ont eu lieu — mais aussi des moments de discussion apaisée. Des policiers ont même confié, hors caméra officielle, être « dégoûtés » par la situation. Ce ressenti humain ne signifie pas désobéissance.
La vidéo au cœur de la controverse semble mêler de tels instants, réels mais dépourvus de dimension politique, pour construire un récit plus spectaculaire.
Fake news ou malentendu ? L’enjeu de la désinformation
Dans un paysage médiatique saturé, les fausses informations exploitent les émotions pour gagner en visibilité. Ici, la colère agricole rencontre la défiance envers l’État — un terreau fertile pour les théories du complot. Pourtant, la vérité est souvent plus banale : un échange professionnel, un regard compatissant, une pause dans une journée éprouvante.
Comprendre ce qui se joue derrière l’écran, c’est refuser de se laisser manipuler par des narrations simplistes — même lorsqu’elles semblent flatteuses.
