Si Ségolène Royal avait été élue en 2007, la France serait-elle différente aujourd’hui ?
Dix-huit ans après avoir perdu face à Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle, Ségolène Royal revient avec une conviction profonde : la trajectoire du pays aurait été radicalement transformée sous sa présidence. Dans un entretien au média Le Crayon, l’ancienne candidate socialiste dresse un bilan contrasté de la France actuelle et imagine un autre destin national, fondé sur l’écologie, l’éducation et la transition industrielle.
Une alternative présidentielle jamais réalisée
Le 6 mai 2007, les Français élisaient Nicolas Sarkozy à la présidence de la République avec 53,06 % des voix. Ségolène Royal, première femme à atteindre le second tour d’une élection présidentielle en France, obtenait 46,94 %. Depuis, trois présidents se sont succédé à l’Élysée : Sarkozy, Hollande, puis Macron. Aujourd’hui, en 2025, l’ancienne ministre ne cache plus son amertume. Elle affirme sans détour : « La France ne serait pas dans l’état dans lequel nous sommes si j’avais été élue présidente de la République, j’en suis convaincue. »
@lecrayonmedia « Si j’avais été présidente, on serait une grande puissance écologique » On a reçu Ségolène Royal, femme politique française, ancienne ministre et première femme à accéder au second tour de l’élection présidentielle en 2007. Elle publie « Mais qui va garder les enfants ? » aux éditions Fayard. — Le Crayon, c’est le média qui ose la contradiction pour mieux réunir la société française. Apartisan, gratuit et populaire, on propose chaque jour des réflexions sur les grands enjeux de notre époque. 📲 Abonne-toi à @lecrayonmedia pour ne rien rater.
Un modèle écologique inspiré de Poitou-Charentes
Avant sa candidature nationale, Ségolène Royal a dirigé la région Poitou-Charentes de 2004 à 2014. C’est à cette expérience qu’elle se réfère pour étayer sa vision : « Si la France avait été sur le modèle de la région Poitou-Charentes en matière d’anticipation, de transition énergétique et écologique, ça aurait été formidable. »
Elle évoque notamment la création anticipée d’une usine de voitures électriques — Mia Electric — lancée dans les années 2000, bien avant l’essor actuel des véhicules propres. Malgré la liquidation judiciaire du projet en 2014, elle y voit une preuve de son audace précoce en matière de transition écologique.
Dans sa version alternative de la France, tous les bâtiments seraient en énergie positive, les logements parfaitement isolés, et les ménages bénéficieraient de factures électriques quasi nulles. Une vision ambitieuse, en phase avec les préoccupations contemporaines sur le coût de l’énergie en France.
Éducation, santé, industrie : les piliers d’un autre cap
Au-delà de l’environnement, Ségolène Royal insiste sur trois autres domaines clés qu’elle aurait priorisés en tant que chef de l’État :
- L’éducation, restée « une des priorités cruciales », contrairement, selon elle, à ce qui s’est produit sous ses successeurs ;
- Le système de santé, qu’elle affirme n’aurait pas « laissé s’effondrer » ;
- La relance industrielle, avec une réorientation massive des jeunes vers les « filières industrielles du futur ».
Cette triade — éducation, santé, industrie verte — constitue, à ses yeux, le socle d’une politique publique durable et inclusive.
Des accusations cinglantes contre Nicolas Sarkozy
La critique se double d’une attaque personnelle. Ségolène Royal qualifie Nicolas Sarkozy de « mafieux », en référence à ses condamnations judiciaires récentes, notamment dans les affaires liées au financement de sa campagne présidentielle de 2007 par des fonds libyens.
Elle va plus loin : « Celui qui triche à un examen, on lui donne pas le diplôme. » Pour elle, la « meilleure sanction » serait l’inversion des résultats de l’élection de 2007 — une formulation symbolique, mais révélatrice d’un ressentiment jamais vraiment apaisé.
Après avoir purgé trois semaines de détention en 2025, Nicolas Sarkozy attend son procès en appel au printemps 2026. Cette actualité judiciaire donne un écho particulier aux propos de son ancienne rivale.
Une réflexion à la croisée de l’histoire et de l’actualité
Alors que la France débat aujourd’hui de la réforme du système de santé, du financement politique ou de la crise énergétique, les déclarations de Ségolène Royal offrent une contre-histoire politique. Elles interpellent autant qu’elles divisent.
Publiant par ailleurs un essai intitulé Mais qui va garder les enfants ? aux éditions Fayard, elle continue de s’inscrire dans les débats de société. Son récit mêle mémoire personnelle, bilan critique et projection utopique — une combinaison puissante, surtout en période de doute collectif.
