Carlos Martens Bilongo s’excuse après des propos sexistes sur Rachida Dati
Une polémique a secoué la scène politique française à la fin décembre 2025. Le député LFI Carlos Martens Bilongo a suscité une vague d’indignation en suggérant que Rachida Dati avait avancé dans sa carrière politique grâce à la « promotion canapé ». Face au tollé, il a rapidement présenté ses excuses publiques. Ce type de dérapage, loin d’être isolé, relance le débat sur le sexisme en politique — et particulièrement envers les femmes racisées.
Des propos tenus lors d’une émission sur YouTube
Le 23 décembre 2025, dans une émission diffusée sur la chaîne YouTube La Librairie Africaine, Carlos Martens Bilongo lance, en riant : « Rachida, elle survit grâce à autre chose, chacun ses moyens. » Il ajoute sans détour qu’elle aurait progressé « en couchant avec des hommes ». L’extrait, rapidement relayé par Le Parisien et Le Point, déclenche une réaction immédiate.
Face au scandale, le député du Val-d’Oise publie, le 26 décembre, un message sur X. Il y exprime publiquement ses regrets : « Je regrette les propos sexistes que j’ai employés. » Il reconnaît que ces paroles « ne reflètent absolument pas les principes qui doivent être les nôtres » et s’excuse « à Madame Dati, ainsi qu’à celles et ceux qui ont été légitimement heurté·es ».
J'ai été invité à intervenir sur une plateforme autour d’un débat sur la place des personnes racisé•es en politique, de droite comme de gauche.
Je regrette les propos sexistes que j'ai employés, qui ne reflètent absolument pas les principes qui doivent être les nôtres, ni le…— Carlos Martens Bilongo (@BilongoCarlos) December 26, 2025
Un appel à la déconstruction personnelle
Carlos Martens Bilongo va plus loin. Il évoque la nécessité de « déconstruction », de « remise en question » et d’« écoute ». « En tant qu’homme, socialisé dans une position de domination, je dois prendre la pleine mesure de l’impact de mes paroles », écrit-il. Il insiste sur son devoir d’exemplarité en tant qu’élu insoumis — un engagement qu’il promet de tenir.
Les réactions politiques : de la condamnation à la solidarité critique
Le camp de Rachida Dati ne reste pas muet. Aurore Bergé, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, réagit sans attendre : « Ces propos méritent une condamnation unanime. » Elle apporte son « total soutien » à la ministre de la Culture, visée en tant que femme et en tant que figure publique noire.
Maud Gatel, cheffe des élus Modem au conseil de Paris, dénonce quant à elle la « misogynie crasse » et le « déterminisme » dont fait preuve, selon elle, une partie de la gauche radicale. Mais la réponse la plus nuancée vient de l’intérieur même de la coalition NUPES.
Sarah Legrain : entre fermeté et pédagogie
La députée LFI Sarah Legrain, pourtant critique envers Rachida Dati, condamne fermement les propos de son collègue. « Parler de “promotion canapé”, c’est attaquer la légitimité de n’importe quelle femme, et en particulier des femmes racisées, à accéder au pouvoir », souligne-t-elle. Elle rappelle qu’il est possible de critiquer Dati sans tomber dans le sexisme ou le racisme.
Elle salue néanmoins les excuses publiques de Carlos Martens Bilongo. « Il reconnaît le chemin à parcourir. Dont acte. Nous l’y aiderons », affirme-t-elle, marquant une posture de vigilance sans ostracisme.
Une polémique qui révèle des fractures profondes
Cet incident illustre les tensions persistantes autour du sexisme en politique, souvent amplifié quand les femmes concernées sont issues de minorités visibles. L’expression « promotion canapé », bien que désuète, continue de circuler — en particulier dans des milieux où la légitimité des femmes est systématiquement remise en cause.
À l’heure où la représentation féminine en politique reste inégale, ces attaques personnelles déplacées rappellent l’urgence de renforcer les garde-fous contre les discours misogynes, même — ou surtout — lorsqu’ils proviennent de camps se réclamant du progrès social.
